T : Aujourd’hui c’est cinéma dans vos Croissants. Mais c’est surtout la BAGARRE. Tu es expert en BAGARRE, Benjamin Benoit ? Moi, j’adore les films de bagarre. Et je sens dans tes yeux le feu de la bagarre.
B : Alors pas du tout, vous vous trompez d’expertise monsieur. Merci de revérifier vos fiches. Je suis là pour ma longue expérience…
T : En MEURTRE. En lancer de couteaux, en coup de pied retourné, en cheval, en moto et en survie. Car aujourd’hui, c’est le retour de la plus grande des figures christiques du cinéma, mais cinéma de genre, cinéma de bagarre, cinéma de MORT. Eros et thanatos.
B : Ok André Manoukian-Lucchini. Mais oui, figure christique, et l’un des meilleurs choix de casting de l’histoire pour ce genre de saga. KEANU REEVES a constamment l’air de porter le monde sur ses épaules, c’est marqué sur sa tête, et quoi de mieux que lui pour incarner l’homme seul contre tous, en quête de pardon, de rédemption, de survie ! C’est John Wick, mesdames messieurs ! Figure romantique par excellence ! Un John Wick, c’est 15 yakuzas, c’est 30 cowboys ! John Wick est incroyable. Et increvable. Et c’est un personnage dont le troisième film vient de sortir. Après John Wick en 2014, John Wick 2 et 2017, voici John Wick Parabellum, car quelqu’un dans ce monde ne sait pas compter jusqu’à 3. On appelle ça « faire une Assassin’s Creed ».
[BANDE ANNONCE 1]
B : John Wick 1 2 2etdemi Parabellum est une saga réalisée par David Leitch et Chad Stahelski. C’est ce dernier qui a pondu les deux autres. Alors John Wick, késsadire ?
T : C’est tout un concept. Ça commence avec une histoire de chien.
B : Pour la faire simple, John Wick est contrit, car John Wick perd son chien, puis sa femme. Sans transition, ça nous mène à une histoire avec un lore inutilement compliqué. Une personne sur deux dans le monde est un assassin qui travaille à la solde de La Table Haute, une société secrète dont on ne voit jamais rien, sinon l’aspect bureaucratique, où des tas de punks tatoués de partout écrivent sur des machines à écrire et mettent à jour des données sur un tableau noir. Quelle bande hipsters, je vous jure. Bref, on contracte des dettes sur un médaillon de sang, on garde un crucifix sur soi en gage de gros service, on paie avec des grosses pièces qui ressemblent à des écus de conquistadors, bref il y a une espèce d’identité visuelle complètement hors sujet et très vidéoludique à la Uncharted, c’est très bizarre. Mais c’est ludique, donc, logiquement.
T : Ce que tu essaie de dire, c’est que John Wick va se retrouver dans une société secrète de tueurs organisés, pour se venger et faire, très à sa façon, le deuil de son chien et de sa femme. Mais il y a un gros plot twist à la fin du 2.
B : L’un des codes de ce truc réside dans l’hôtel Continental de New-York. Cet hôtel est rempli de tueurs à gages. Mais la règle numéro un du Continental, c’est qu’on ne tue pas dans le Continental, c’est la Suisse. On y a droit d’asile, c’est un sanctuaire. Mais John Wick était très gavé par quelqu’un donc il a versé le sang et cassé la seule règle de ce monde de tarés. Résultat : il est excommunié, et il a maintenant un contrat ouvert de 14 millions de dollars sur sa tête. A dix-huit heures, on lâche le reste du monde contre lui, 3, 2 un, PARTEZ ! [AIRHORN]
T : C’est tout de même un début assez rigolo pour un film d’action. Ca pourrait même tenir tout un film.
B : Il est vrai. Mais Parabellum choisit de se ne garder l’aspect « course » du script que pour son premier tiers. Après ça s’accompagne d’un dispositif technique qui rend hommage au genre bagarre. Tout est bien filmé de travers, néons, pluie giga battante, bagarre avec des effets sonores un peu pétés. Bagarre dans la rue, bagarre dans la bibliothèque avec des livres, sur des motos, sur un cheval, bagarre partout, justice nulle part, bagarre de bagarre, LA BAGARRE. Ensuite on fait un saut au Maroc bien cliché et exotique pour rencontrer Jérome Flynn, tout droit sorti de Game Of Thrones. Puis on revient à New York, et rebagarre finale. Je pense que ça résume bien la chose. Sur le chemin, on rencontre Halle Berry pour la première fois, puis les habitués Laurence Fishburne et Lance Reddick, tous dans des rôles que vous ne comprendrez pas sans avoir vu les autres films car Parabellum a l’élégance et l’outrecuidance de ne pas recontextualiser son histoire. Bon, je vous rassure, c’est pas bien grave non plus.
T : Mais ce film est un peu plus qu’un allez retour New-York Casablanca.
B : Alors oui, on peut le prendre sous un angle exotique et cliché, et on oscille savamment entre premier et second degré. Les personnages parlent, les punchlines sont affichées à l’écran avec une police bariolée pour bien stabiloter les dialogues, ce genre de choses. Mais Parabellum c’est surtout des scènes d’action. Avec moult chorégraphies, jolies petites prouesses techniques, un quelque chose qui rappelle presque les films de TSUI HARK comme Time and Tides. Et un peu d’humour très pince sans rire, mais moins que dans le 2. Toute cette violence est esthétisée, a presque du sens, même si elle est à rallonge. L’important ici c’est la manière de filmer, les décors, la photo plus que les personnages. L’esthétique de la vengeance Thomas. C’est mieux que le film de Morsay quand même.
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B : Il y a aussi de belles cascades dans John Wick. Et ça tombe bien, les pères de la séries sont les responsables cascade de Matrix. Mais John Wick c’est surtout une beauté thématique : un veuf inconsolable et inconsolé qui étale tout le monde. Un postulat qui se mêle à des atours cartoon et une certaine élégance plastique. C’est violent, des ongles sautent, des gens meurent tout le temps, mais il y a un quelque chose, un hommage à un pan de cinéma, et un plaisir très simple à voir cette force inépuisable et increvable.
T : De l’enthousiasme aujourd’hui ! Est-ce que John Ouique Parabellum est recommandé par les Croissants ?
B : Oui si vous êtes au fait de la nature nihiliste et violente de la chose, qui est à peine déconseillée au moins de 12 ans. Sinon, oui, ça perd vite en vitesse et le high concept est délaissé un peu vite mais il y a une beauté romantique, thématique et esthétique à voir ce grand jeu de massacre. Moi j’aime bien, c’est simple et con et fouillé à la fois, alors pourquoi pas ?
T : Merci Benjamin ! Mais va falloir muscler tes p’tits bras si tu veux mieux faire la bagarre.
B : Écoutez j’ai acheté Fitness Boxing, c’est mon pacte de sang à moi.
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