La promesse de « changer la vie » en 1981, la réduction de la « fracture sociale » en 1995, la « valeur travail » en 2007… Par le passé, la plupart des campagnes présidentielles ont fait émerger des thèmes importants ou, du moins, fait naître des débats permettant aux électeurs de se positionner clairement dans un camp ou dans un autre. Celle de 2022 ne restera pas dans les mémoires pour cela. À cause d’une précampagne empêchée par une nouvelle vague de Covid puis le déclenchement de la guerre en Ukraine, aucune grande idée n’a réussi à se dégager. Un phénomène renforcé par les stratégies des deux qualifiés au second tour : d’un côté, Emmanuel Macron a repoussé le plus tard possible son entrée en campagne et la présentation de son programme ; de l’autre, Marine Le Pen a fait une campagne très profil bas, laissant Éric Zemmour, son principal concurrent à l’extrême droite, prendre toute la lumière et se cramer par ses outrances. Résultat, bon nombre de sujets importants ont été laissés de côté. Pour vous rappeler que glisser les problèmes sous le tapis n’a jamais permis de les résoudre, Les Jours mettent en lumière certains thèmes passés sous le radar. Voici, donc, les idées auxquelles vous avez échappé.
Le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’a rappelé dans un nouveau rapport publié en février, il ne reste que quelques années pour mettre en œuvre des politiques permettant de limiter le réchauffement de la planète. S’il y a donc une question qui aurait dû être plus traitée, et même saturer le débat politique, c’est celle du climat. Et pourtant, comme les associations écologistes n’ont pas arrêté de le déplorer, c’est le contraire qui s’est passé. Ainsi, selon la campagne associative L’Affaire du siècle, qui a construit avec l’institut de sondage Onclusive un baromètre du « bruit médiatique », le thème du climat n’occupait que 2,7 % du « volume rédactionnel » consacré à la campagne présidentielle lors de la semaine du 8 au 13 février. Quant aux membres de l’alliance du Pacte du pouvoir de vivre (CFDT, Secours catholique, France Nature Environnement…), ils ont eux calculé que lors des trois premiers débats télévisés pour la primaire des Républicains (LR), seulement seize minutes sur plus de neuf heures d’antenne avaient été consacrées à la crise climatique et dix secondes à la biodiversité. Très loin derrière la sécurité (1 h 24) ou l’immigration (50 minutes).
À qui la faute alors ? Aux candidats ou aux médias ? Ou aux deux, qui ont peur de parler d’un sujet qui, comme le décrit justement le philosophe Bruno Latour, fait « paniquer les esprits » tout en les faisant « bailler d’ennui » ? Ce qui est certain, c’est que même les candidats qui ont fait de l’écologie le centre de leur engagement n’ont pas réussi à bouger les murs de l’indifférence.