L’agriculture est la deuxième activité la plus émettrice de gaz à effet de serre en France, une des premières victimes des dérèglements climatiques et un levier essentiel dans la transition écologique, toujours plus urgente selon le dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Pourtant, les deux candidats présents au second tour de la présidentielle continuent de baser leur (maigre) programme agricole sur un modèle productiviste et des propositions démagogiques. Plus d’un agriculteur se donne la mort chaque jour en France. Ils étaient 605 en 2015, 529 en 2016. Pourtant, il a fallu attendre le tout dernier discours de campagne d’Emmanuel Macron, ce vendredi dans le Lot, pour que le candidat-Président évoque le rôle de l’agriculture dans la transition écologique. Et dans le débat de l’entre-deux-tours (lire l’épisode 6, « Macron-Le Pen : un air de débat vu »), Marine Le Pen n’a évoqué le secteur que pour lister des « exploitations pillées », des « récoltes et des engrais volés », bref : pour parler insécurité… Alors que les agriculteurs rencontrés par Les Jours ont bien d’autres préoccupations.
Traditionnellement à droite, le vote agricole semble l’être resté cette année. À une différence près : il s’est déplacé des Républicains (LR) à La République en marche. Fin février, 30 % des agriculteurs pensaient voter pour Valérie Pécresse, d’après le baromètre agricole Datagri. La candidate LR était alors toujours en tête des intentions de vote de la profession, mais déjà beaucoup moins tranquille que François Fillon, pour qui 41,5 % des agriculteurs pensaient voter en avril 2017. Puis, au début du mois de mars, la popularité de Valérie Pécresse dégringole chez les agriculteurs, au profit d’Emmanuel Macron. Le Président-candidat passe à 30 % des intentions de vote dans la profession, Valérie Pécresse à 13 %, à peine devant Éric Zemmour (12 %) et Marine Le Pen (11 %), selon un sondage que l’Ifop a réalisé pour la puissante FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.
Au lieu de réaliser que dans un système géopolitique de plus en plus instable, il faut aller vers la sortie des engrais, le gouvernement ne propose que des solutions de court terme.
Une telle différence dans les intentions de vote d’un mois à l’autre peut s’expliquer par le fameux « effet drapeau » dont bénéficie Emmanuel Macron depuis le déclenchement de la guerre de Poutine en Ukraine. Car les agriculteurs sont parmi les plus touchés par le conflit.