Il y a un homme couché dans une poubelle, il vocifère et tend le poing. Il y a un groupe compact fait de gardes du corps qui avancent en tortue au milieu des tentes de fortune, sur un sol jonché d’ordures, protégeant deux individus : l’un tient un micro, c’est Jean-Marc Morandini ; l’autre est candidat à l’élection présidentielle, c’est Éric Zemmour. Dans les sondages, il est monté jusqu’à la troisième place, il dégringole désormais. Il fallait faire un coup, un sale coup : ce sera une visite du campement des crackés de la porte de la Villette, à Paris. Il fallait un complice : ce sera Jean-Marc Morandini en direct sur CNews pour servir la soupe du candidat d’extrême droite. Emmanuel Macron a Le candidat, son spot de campagne hebdomadaire, Éric Zemmour a CNews.
« Édition spéciale, Morandini Live, racole le bandeau de CNews, Crack : Morandini Live suit Éric Zemmour porte de la Villette. » Une heure dix. Une heure et dix minutes durant, vendredi matin, la chaîne de Vincent Bolloré s’est encore une fois offerte à celui qu’elle a fait candidat. Il y a urgence, son champion s’écroule dans les enquêtes d’opinion et dès ce lundi entre en vigueur la règle de l’égalité qui contraint les chaînes à accorder strictement le même temps de parole aux candidats et ce, aux mêmes tranches horaires. En ouverture de son meeting annoncé comme géant, ce dimanche au Trocadéro, Éric Zemmour s’est offert CNews pendant plus d’une heure pour ce qui restera comme un des moments les plus honteux de cette campagne salopée.
Il n’y a aucune ambiguïté dans le partenariat. Ce vendredi matin, un tweet du candidat donne rendez-vous : « 10 h 30, vendredi 25 mars, CNews [avec le logo de la chaîne, ndlr] à la colline du crack, Éric Zemmour 2022. » Non content de racler la misère, Éric Zemmour est ignorant : ce n’est pas là, la colline du crack, qui se trouvait porte de la Chapelle à Paris avant son démantèlement en 2019, mais qu’importe, hein, l’essentiel est de récupérer, relayé par son armée de bots zemmouristes sur Twitter, qui copient-collent les mêmes messages en masse. Il a choisi de faire son coup ici, dans le campement installé dans le XIX