Vous vous souvenez ? Il y a tout juste un an, après plusieurs semaines de mouvement des gilets jaunes, le grand débat national s’apprêtait à commencer. Emmanuel Macron préparait sa lettre aux Français, le gouvernement mettait la dernière main à l’organisation de cette concertation exceptionnelle, mais, afin d’éviter tout dérapage et d’en garder le contrôle, excluait de son organisation la Commission nationale du débat public et demandait à un prestataire de lui construire un site de débat bridé avec des questions biaisées (lire l’épisode 20, « Le site du grand débat, bon biaisé de l’Élysée »). C’était il y a un an, mais cela aurait tout aussi bien pu avoir lieu il y a des siècles. Car, en ce début d’année 2020, plus personne ne parle du grand débat. Dommage, parce que l’histoire n’est pas
Pour comprendre ce nouveau raté, replaçons-nous le 8 avril 2019, jour de restitution de la parole des Français. En présence des principaux ministres du gouvernement, une grande cérémonie se déroule au Grand Palais, à Paris (lire l’épisode 36, « Le petit débit du grand débat »). Pendant toute la matinée, les entreprises prestataires présentent leurs travaux de synthèse de toutes les expressions permises par le processus : les contributions postées sur la plateforme internet, ce qui s’est dit lors des réunions locales, ce qu’ont écrit les Français dans les cahiers citoyens disponibles en mairie et enfin le contenu des lettres et des mails envoyés directement au gouvernement. Tout paraît très sérieux et complet. Sauf qu’il y a un hic, que Les Jours vont ensuite révéler (lire l’épisode 37, « Grand débat : une contribution sur deux a été zappée »).