À 15 heures ce mardi, ils vont prendre place dans l’hémicycle pour la première fois et choisir le président d’une Assemblée nationale renouvelée aux trois quarts. Parmi les 308 députés La République en marche (LREM), Pierre Person, 28 ans, élu à Paris, siégera à l’avant-dernier rang, place 480. Mèche et sourire sages. L’ancien conseiller politique d’Emmanuel Macron pendant la campagne sera l’un des rouages de ce nouveau groupe dont les membres se sont découverts le week-end dernier, à l’occasion d’un séminaire. Il saura dans les jours qui viennent dans quelle commission il va atterrir. Il a demandé dans cet ordre : finances, affaires économiques, éducation et culture. Les vœux des députés LREM ont plutôt délaissé les commissions les plus prestigieuses et historiquement les plus convoitées, véritables lieux de pouvoir à l’Assemblée, comme les finances et les lois, au profit du développement durable, des affaires sociales, de l’économie, reflets de leurs goûts et de leurs compétences. Comme beaucoup, Pierre Person est conscient « de ne pas avoir été élu sur [s]on nom », et avoue, en soldat fidèle qui s’assume : « J’irai là où on me dira, là où je serai utile. »
Pierre Person a passé toute la semaine dernière à se familiariser avec les lieux et les habitudes de l’Assemblée. Avec un agenda plastique, improvisé au jour le jour, entre recrutement des collaborateurs, rencontre avec des députés En marche et stratégie politique. Après les formalités (inscription administrative, obtention de la petite mallette du nouveau député, bal des caméras qui fondent sur les bizuths…), nous avons rendez vous au Palais-Bourbon. Je suis salle des Quatre colonnes, où se pressent les journalistes ; le député est à la buvette, réservée aux parlementaires. Il ne connaît pas encore les codes et les usages. Officiellement, je n’ai pas le droit de me rendre de son côté ; lui n’a pas envie de me retrouver où il serait immanquablement assailli par la presse. Nous décidons d’aller « au café », qu’il n’appelle pas (encore), comme tous les députés expérimentés, « Le Bourbon ». C’est un endroit de rencontres, d’interviews. Comme à l’Assemblée, les têtes y sont inconnues : de même que les huissiers de la République, les serveurs doivent vite intégrer les visages des nouveaux pour ne pas commettre d’impairs. De la vague LREM, Pierre Person connaît pas mal de monde, lui.