La dernière cavale d’Olivier Larroque

Il travaille au sein de Blue Dragon depuis 2009. En 2012, il était chargé de la prise de contact avec les enfants des rues de Hanoï, passant ses journées et ses soirées à leur distribuer des repas, à discuter avec eux, à leur parler du refuge de l’ONG. C’est ainsi qu’il a pour la première fois entendu parler d’Olivier Larroque. Ancien enfant des rues lui-même et désormais codirecteur de l’ONG, il ne décolère pas contre la justice française, soulignant à quel point les neuf années d’instruction ont pesé sur les victimes. « Qu’il ait pu en plus prendre la fuite est inconcevable. »

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Fondée en 2003 par un enseignant australien, Michael Brosowski, Blue Dragon est une ONG australo-vietnamienne proposant un refuge et un accompagnement aux enfants des rues de Hanoï tout en luttant contre les réseaux de proxénétisme qui gangrènent la ville.

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Duc (son prénom a été modifié) avait environ 14 ans quand il a croisé Olivier Larroque autour du lac Hoam Kiem à Hanoï. À la rue depuis environ un mois, il faisait partie de ces dizaines, voire centaines, d’enfants fuyant la misère de leur foyer à la campagne ou des violences domestiques et venus chercher un travail dans la grande ville, sans succès. Victime d’Olivier Larroque, le jeune homme, désormais âgé d’une vingtaine d’années, s’est porté partie civile au procès. « Ce qui m’est arrivé, je l’ai porté pendant des années, je le porte toujours », dit-il.

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Ses proches le décrivent comme un « globe-trotter » « gentil » et « généreux ». Les enquêteurs de la police française parlent, eux, d’un pédocriminel solitaire et itinérant. Ce gastro-entérologue à l’hôpital français de Hanoï, au Viêtnam, a été accusé d’avoir, entre 2011 et 2013, violé et agressé plusieurs dizaines d’enfants des rues, des garçons. Ceux-ci avaient de 13 à 15 ans. Des actes qu’il a décrit, lui, comme des relations tarifées avec des prostitués, dont il disait ne pas connaître l’âge. Condamné à vingt ans de réclusion criminelle par la justice française, au bout de près d’une décennie judiciaire, l’homme n’a pas fait face à ses juges. En liberté sous contrôle judiciaire, il a pris la fuite, à deux reprises. Finalement arrêté dans les environs de Béziers le 14 avril 2023, il s’est suicidé en prison deux jours plus tard, le 16 avril.

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Fondé en 2006 au sein de l’Office central pour la répression de la violence aux personnes (OCRVP) de la police judiciaire, le groupe central des mineurs victimes rassemble dix-huit enquêteurs spécialisés. Sous l’égide du parquet des mineurs de Paris, les policiers et leurs trois collègues gendarmes plongent dans les horreurs des violences sexuelles infligées aux enfants, explorent et surveillent les lieux de rencontre virtuels des pédocriminels dans les tréfonds du dark et brassent chaque jour des milliers d’images et vidéos sordides. Chantal Zarlowski, commandante de police et cheffe du groupe de 2007 à 2018, était chargée de la gestion des enquêtes à l’époque de l’arrestation d’Olivier Larroque. Une affaire dont elle se souvient bien. Emmanuel Fontaine, gendarme et membre du groupe depuis une bonne décennie, en était l’enquêteur principal.

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