Uvalde, au Texas. Une semaine après Buffalo, dans l’État de New York. Quatre ans après Parkland, en Floride. Dix ans après Sandy Hook, dans le Connecticut. Les tueries de masse s’égrainent aux États-Unis, dans une temporalité stupéfiante. Selon la définition du Gun Violence Archive, 214 ont eu lieu depuis le début de l’année, en seulement 146 jours. Et pour ce qui est d’Uvalde, où dix-neuf élèves d’une même classe de CM1 et deux enseignantes ont été abattus ce mardi par un tueur d’à peine 18 ans, Salvador Ramos, il s’agit de la 27e fusillade dans une école depuis janvier. Un coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire ? Même si les définitions peuvent varier, 2021 fut la pire année depuis au moins 1970 en milieu scolaire aux États-Unis. Et entre 1966 et 2021, il y a eu 1 322 morts dans des tueries de masse dans le pays.
Cette récurrence interroge à chaque fois sur le statut des armes à feu aux États-Unis. Comment expliquer la vente libre et non contrôlée d’armes de guerre à peine transformées à des personnes souffrant de troubles psychologiques évidents ? À Uvalde, Salvador Ramos, adolescent martyr du harcèlement scolaire, avait développé des troubles antisociaux notoires qui ne l’ont pas empêché d’acquérir le plus légalement du monde, six jours après son dix-huitième anniversaire, à la mi-mai, deux fusils semi-automatiques de type AR-15, l’arme privilégiée des tueurs de masse. Il a bénéficié ici du laxisme maximal de l’État conservateur du Texas qui n’a cessé d’assouplir depuis dix ans l’accès aux armes à feu
Car pour les dirigeants conservateurs texans, à l’instar de Donald Trump et des pontes nationaux du parti républicain, le problème des tueries de masse ne relève pas du tout de la diffusion des armes à feu, pourtant sans commune mesure aux États-Unis avec les autres pays industrialisés. Non, il tiendrait seulement à leurs auteurs, des fous dangereux qu’il s’agit de mieux détecter et de mettre hors d’état de nuire.