En relation avec une entreprise terroriste

Maîtresse de conférence en sciences politiques à l’université Paris VIII, Vanessa Codaccioni travaille sur la répression du terrorisme et des délits politiques (trahison, complot, espionnage). Son dernier ouvrage, Justice d’exception. L’État face aux crimes politiques et terroristes (CNRS Éditions), est sorti le 12 novembre 2015. Dans ses travaux, la chercheuse met en évidence la continuité entre les dispositifs successifs tout au long du XXe siècle et leur perméabilité aux événements politiques. Parisienne d’adoption, elle est originaire de Béziers.

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Avocate pénaliste depuis trois ans, Margot Pugliese a été élue première secrétaire de la conférence du barreau de Paris pour l’année 2016. Une fonction qui l’amène à être commise d’office, notamment pour défendre les personnes mises en examen dans des affaires de terrorisme.

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Dans son cabinet du XVIIe arrondissement de Paris s’accumulent des dossiers qui touchent aux libertés publiques. L’avocat défend plusieurs assignés à résidence de l’état d’urgence et des victimes de violences policières (dont la famille de Rémi Fraisse et des lycéens de Bergson). Ses engagements ne lui valent pas que des amis. Comment lui, juif pratiquant, peut-il défendre les organisateurs d’une manifestation propalestinienne qui a dégénéré dans sa ville, Sarcelles ? Arié Alimi tient à ses principes et aime les défis. En matière de terrorisme, il est l’avocat de Riadh Hennouni et de Mehdi Ben Saïd, poursuivis pour leur trajectoire jihadiste.

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En 2005, Kamel Daoudi est condamné à six ans de prison pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et déchu de la nationalité française pour être allé s’entraîner en Afghanistan, en 2001. Depuis sa sortie de prison, il y a huit ans, il vit une situation kafkaïenne : la France ne veut plus de lui sur son territoire, mais la Cour européenne des droits de l’homme refuse son expulsion vers l’Algérie. Bien avant l’état d’urgence, le ministère de l’Intérieur l’assigne à résidence sans limite de durée. Kamel Daoudi n’a pas le droit de sortir de la commune, doit pointer trois fois par jour au commissariat et peut être déménagé si l’État l’estime nécessaire. Après Aubusson (Creuse), Longeau-Percey (Haute-Marne), Fayl-Billot (Haute-Marne) et Lacaune (Tarn), il vit depuis 2011 à Carmaux (Tarn) avec son épouse et leurs enfants.

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Héritier d’une lignée de magistrats, le juge d’instruction Jean-Louis Bruguière dirige la galerie Saint-Éloi de 1986 à 2007. Il est l’un des pères fondateurs de l’antiterrorisme à la française. Chargé des plus grands dossiers terroristes de ces trente dernières années – de la rue des Rosiers aux attentats de 1995, en passant par Action directe, Carlos, l’assassinat du préfet Érignac –, il voit son successeur, Marc Trévidic, détricoter une partie de ses enquêtes en explorant d’autres pistes (affaire Karachi, Rwanda, moines de Tibhirine, Moudjahidines du peuple iranien). Il faut dire que le juge Bruguière a des idées bien arrêtées, et tendance à voir un peu grand. Candidat UMP aux législatives de 2007 dans le Lot-et-Garonne, il est battu par Jérôme Cahuzac. Il continue bien volontiers à donner son avis sur les attentats, les lois qu’il voudrait voir votées ou la sécurité des fan-zones.

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La juge d’instruction affiche une longévité record au pôle antiterroriste : vingt-six ans d’affilée (de 1990 à sa retraite, en juin 2016). Spécialiste des dossiers basques, Laurence Le Vert a toujours fui les médias. Elle a la réputation d’être solitaire, travailleuse à l’extrême et dotée d’une mémoire d’éléphant. L’ex-magistrate, classée à droite, est adjointe au maire dans son village normand.

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À force d’être grand public, Marc Trévidic peut agacer. Mais le magistrat breton a dépensé beaucoup d’énergie à faire connaître la fonction de juge d’instruction antiterroriste, qu’il a exercée de 2006 à 2015. Chargé d’instruire les anciennes affaires de Jean-Louis Bruguière (rue des Rosiers et rue Copernic, Karachi, Tibhirine, le Rwanda), il a assisté à l’explosion du nombre de dossiers concernant le jihad en Syrie. En vertu de la « règle des dix ans », Marc Trévidic est parti à regret vers Lille, où il est désormais juge aux affaires familiales.

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« Voix des attentats », selon Le Monde, François Molins est en tout cas la seule voix judiciaire autorisée à s’exprimer (avec un petit accent pyrénéen) sur une enquête en cours. Affaire Merah, attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher, 13 novembre, Magnanville, Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray… Retransmises en direct, les conférences de presse de François Molins sont devenues un passage obligé. Ancien procureur de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le magistrat a fait toute sa carrière au parquet. Mis à part un détour par le cabinet des ministres de la Justice Michèle Alliot-Marie et Michel Mercier. Ce dernier le nomme procureur de Paris en 2011. La connotation politique de cette trajectoire lui vaut alors la méfiance des syndicats de magistrats. Vite oubliée.

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Devenu une figure de l’islamisme radical, Djamel Beghal fait le lien entre les générations successives du jihad français. Cet Algérien est déjà soupçonné, dans les années 1990, d’appartenir au GIA, mais pas condamné. De retour d’Afghanistan en juillet 2001, il est arrêté par les autorités d’Abou Dhabi, qui lui font avouer sous la torture un projet d’attentat contre l’ambassade américaine à Paris. La justice française ne retient pas cet élément, mais le condamne en 2005 à dix ans de prison pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Déchu de la nationalité française puis assigné à résidence en 2009 dans un village du Cantal, il reçoit la visite de Chérif Kouachi et d’Amedy Coulibaly, les futurs tueurs de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher. Djamel Beghal est à nouveau condamné à dix ans de prison en 2013, pour avoir contribué à la tentative d’évasion de l’un des responsables de l’attentat du RER Saint-Michel en 1995.

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Parmi les membres du commando qui a attaqué Paris le 13 novembre 2015, Salah Abdeslam est le seul à avoir survécu. A-t-il renoncé à actionner sa ceinture d’explosifs ou n’a-t-elle pas fonctionné ? Son rôle exact et les raisons de sa fuite restent encore incertains. Des complices venus de Belgique parviennent à le ramener à Bruxelles, où il se cache jusqu’à son arrestation, le 18 mars 2016. Un mois plus tard, Salah Abdeslam est transféré à Fleury-Mérogis dans l’attente d’un procès. Sa cellule est vidéosurveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

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Il a perdu son père dans l’attentat contre le DC10 d’UTA au-dessus du Niger, en 1989. Depuis, Guillaume Denoix de Saint-Marc s’est engagé. D’abord dans une association dédiée aux familles des 170 victimes de cet attentat, pour lesquelles il a obtenu que la Libye de Kadhafi verse une indemnisation. Puis il a fondé l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT) en 2009, tandis que l’historique « SOS Attentats » venait de s’autodissoudre. Il est le directeur général et porte-parole de l’AFVT.

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Nommé ministre de la Justice le 27 janvier 2016, l’ancien député (PS) du Finistère et président de la commission des lois succède à Christiane Taubira. Ses premiers mois sont marqués par le terrorisme : arrestation et transfert en France de Salah Abdeslam, attentats de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray, montée des inquiétudes sur la radicalisation en prison, suite à l’agression de surveillants dans une « unité dédiée » aux détenus radicalisés de la prison d’Osny. Le ministre défend l’augmentation des moyens de l’antiterrorisme et attache son nom à la loi du 3 juin 2016 contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, qui creuse un sillon déjà tracé depuis quelques années : une extension des pouvoirs du procureur et de la police administrative.

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Alter ego, côté juges du siège, de François Molins au parquet, Jean-Michel Hayat a pris la tête du TGI de Paris en 2014. Ex-conseiller technique de Ségolène Royal sous le gouvernement Jospin, le magistrat a présidé le tribunal de grande instance de Nice, puis celui de Nanterre, en pleine affaire Bettencourt. À Paris, il est notamment chargé de coordonner le déménagement du palais de justice dans ses nouveaux locaux des Batignolles, prévu pour 2018.

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