Lorsque Les Jours publient l’interview d’Anaïs Leleux où elle annonce avoir porté plainte contre Julien Bayou, son ex-compagnon, pour « harcèlement moral » et « abus de faiblesse », ainsi que contre X, en mentionnant Europe Écologie - Les Verts (EELV), pour non-assistance à personne en danger (lire l’épisode 1, « “Je porte plainte contre Julien Bayou pour harcèlement moral et abus de faiblesse” »), les boucles internes au parti se mettent à bouillonner. Dans un message, un militant s’interroge : « Comment ne pas penser ce soir à l’affaire D. il y a deux ans. […] Quelles sont les mesures prises par le parti pour que ça ne recommence pas ? Les habitus et les copinages ont-ils été interrogés ? Quel mea culpa a été fait auprès des victimes ? Quelle responsabilité a été prise par le parti ? Rien, nothing, nada. »
« L’affaire D. », évoquée en partie par France Info et L’Humanité, date de la période 2020-2021. À l’époque, D. siège au Conseil fédéral, le parlement du parti écolo, il est conseiller municipal en Île-de-France et affiche vingt ans de militantisme. Fin novembre 2020, ce quinquagénaire est accusé d’agression sexuelle par Louise, 33 ans aujourd’hui, une adhérente qui le signale à la cellule d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles d’EELV. Au terme d’une procédure émaillée de défaillances et de fuites, l’élu local écope de six mois de suspension. Dans les faits, D. ne cessera jamais de graviter autour du parti tout le long de sa sanction. En mars 2021, un deuxième signalement, anonyme et pour viol cette fois, parvient à la cellule, mais aussi aux oreilles du secrétaire national d’alors : Julien Bayou, qui connait D. Cette alerte est pourtant restée lettre morte pendant six mois. D. ne sera d’ailleurs jamais exclu du parti. Il en démissionnera de son plein gré, lorsque Margot, la militante de 44 ans qui l’accusait jusqu’alors anonymement de viol, témoigne à visage découvert devant la cellule en septembre 2021. Deux mois plus tard, elle dépose plainte pour viol devant la justice. Au printemps 2023, D., qui est présumé innocent et n’a pas souhaité nous répondre, a été mis en examen pour viol et harcèlement moral, et placé sous contrôle judiciaire. L’été dernier, Louise a, elle aussi, déposé plainte contre lui, pour agression sexuelle.
Avant d’en référer à la cellule d’EELV, Margot avait tenté d’alerter une première fois la police, qui avait refusé sa plainte. C’est pour cela qu’elle est allée voir le parti.