Le jour se lève doucement sur Alger, un vent de liberté souffle sur les immeubles blancs de la capitale. Ce mercredi 3 avril 2019, pour la première fois depuis vingt ans, les Algériens se réveillent sans Bouteflika au pouvoir. La veille, l’homme qui était Président depuis 1999 a annoncé sa démission. Un soulagement pour beaucoup qui attendaient cette nouvelle depuis le 22 février, date à laquelle la contestation anti-Bouteflika a commencé. Pour célébrer cette annonce, la fête a duré jusqu’à l’aube sur la place de la Grande Poste aujourd’hui surnommée « place de la liberté ». Armés de fumigènes, des jeunes ont formé des cortèges de voitures et leurs klaxons ont bercé les rues algéroises jusqu’au petit matin.
Jamais je n’aurais cru vivre ce moment dans ma vie. J’ai vécu la révolution de 1962 et là, j’en vis une deuxième.
Le lendemain, dans un café de la place Émir-Abdelkader, naturellement, toutes les conversations abordent la démission du président algérien. Dans le local d’une dizaine de mètres carrés, les clients sont tous en plein débat malgré l’heure matinale. « Jamais je n’aurais cru vivre ce moment dans ma vie. J’ai vécu la révolution de 1962 et là, j’en vis une deuxième », témoigne dans un sourire Salah, chauffeur de taxi et client fidèle du café. Le visage marqué par la fatigue, il raconte être sorti célébrer la nouvelle tant attendue hier soir.
Lors des premières manifestations, la démission de Bouteflika était la revendication principale des contestataires. Malgré leur caractère pacifique, les slogans scandés n’ont pas été tendres envers l’ancien Président né au Maroc.