Devant l’Assemblée, mardi, le Premier ministre a joué au prof sympa. Mais les bons points et les images ne cachent pas son programme sous surveillance du RN.
D’un côté, un professeur d’université âgé qui prend son temps ; de l’autre, des jeunes étudiants qui mettent le bazar au fond de l’amphi et qui finissent par se lasser devant l’absence de réaction de l’enseignant. C’est le sentiment donné en regardant le discours de politique générale de Michel Barnier, ce mardi à l’Assemblée nationale. Face à des députés de La France insoumise (LFI) qui ont tenté de perturber son intervention, le Premier ministre ne s’est pas laissé distraire. Il a été long – une heure quarante –, souvent ennuyeux et n’a pas été souvent applaudi mais, avec son style vieille France et pince-sans-rire, il a donné peu de prise aux critiques. Plaidant pour le « respect » et le « compromis », il a adressé des signes à toutes les formations de l’hémicycle : tenant des propos « fermes » sur l’immigration et la sécurité pour faire plaisir à la droite et l’extrême droite, et promettant d’augmenter les impôts des plus riches et des grandes entreprises pour obtenir le soutien de la gauche. Afin de séduire les macronistes, il s’est enfin présenté comme le Premier ministre d’un pays qui « a progressé sous l’impulsion du chef de l’État et de ses différents gouvernements ».
Cette technique va-t-elle permettre au gouvernement disposant de la plus faible base électorale de la Ve République de ne pas être renversé ? A court terme, a priori oui.