Au mitan des années 1980, la France s’est convertie au libéralisme. Les patrons sont devenus des « entrepreneurs », les licenciements des « plans sociaux » et le rêve révolutionnaire de changer la société a été remplacé par celui de créer sa propre société. Un homme a incarné ce changement : Bernard Tapie, décédé ce dimanche 3 octobre. Bronzé, sportif, le patron et financier offre alors une image très opposée à celle, vieillotte, des caciques gris et sel du CNPF
Self made man, l’homme d’affaires l’est assurément. Un père ajusteur, une mère couturière, le jeune Tapie a commencé à travailler dans les années 1960 dans la vente de téléviseurs avec comme seul diplôme un bac technique. Il en profite alors pour développer ses talents de VRP et de bonimenteur. Dans Gagner, il raconte ainsi qu’il faisait mine de travailler pour un institut de sondage pratiquant des enquêtes sur les programmes télévisés pour prêter des appareils de télévision à des personnes qui en étaient dépourvues avant de proposer, quelques jours plus tard, de les leur vendre… « C’est ainsi que j’ai vendu des téléviseurs pendant quelques mois. J’arrivais à gagner 500 francs par jour, une jolie somme pour l’époque », écrivait-il. Dans les années 1970, il s’essaie à plusieurs activités (la direction d’une association de consommateurs, la gestion d’un casino, l’organisation d’événements sportifs, la vente de résidences de loisir en timeshare…), travaille pour d’autres, puis se met à son compte. Il se spécialise alors dans le rachat d’entreprises en difficulté ; ça va devenir sa marque de fabrique.

Sa méthode ? Un habile mélange de vista financière et de baratin. Tapie cible des entreprises proches de la faillite, mais qui détiennent des actifs intéressants (brevets, marchés, filiales…).