« Vous avez bien lutté, vous avez droit à une bonne répression »
Diaporama sonore. À deux pas de Bure, « Pivoine » est militant antinucléaire, agriculteur… et sous contrôle judiciaire. Il détaille sa vie quotidienne.
«Pivoine », 30 ans, s’est installé à Cirfontaines-en-Ornois en Haute-Marne, dans une maison qu’il a achetée à crédit (lire l’épisode 9, « À Bure, l’État atomise l’opposition »). Sous le coup d’une condamnation pour « association de malfaiteurs » et d’une interdiction de territoire en Meuse – il n’habite cependant qu’à dix minutes de Bure et de son Centre de stockage industriel géologique (Cigéo) – du fait de sa contestation du projet d’enfouissement, il cultive son jardin avec « Pimprenelle », l’agriculteur Jean-Pierre Simon (lire l’épisode 8, « “Le territoire est déjà complètement défiguré” ») et d’autres militants. Un pied de nez à tous ceux qui pensent que cette terre n’est qu’un désert voué à accueillir des déchets et à produire pour l’industrie agroalimentaire ou nucléaire. Et un contre-modèle de société qu’il revendique fièrement.
Pivoine, qui n’habitait pas la région et évoluait entre Nancy, Dijon et Besançon, ne nourrit ni regrets ni remords. Bien au contraire.
« Ici, même si on déprime, on déprime autrement » Son Sébastien Daycard-Heid. Photos Sandra Mehl pour Les Jours.
L’utopie concrète de Pivoine est désormais de redonner une vie à cette terre, quitte à s’endetter pour acheter une maison.
« Ma maman était contente que je me sédentarise » Son Sébastien Daycard-Heid. Photos Sandra Mehl pour Les Jours.
Depuis son procès l’an dernier pour « association de malfaiteurs » et sa mise sous contrôle judiciaire, Pivoine vit comme une dizaine d’autres militants sous une surveillance permanente… rythmée par des visites dérisoires au Service pénitentiaire d’insertion et de probation, le « Spip ».
« Sur les cinq routes du village, il y en a trois que je ne peux pas prendre » Son Sébastien Daycard-Heid. Photos Sandra Mehl pour Les Jours.
Comment Pivoine envisage-t-il l’avenir ? Dans un monde sans autre issue que la reproduction des erreurs du passé, comme la poursuite du nucléaire et l’enfouissement de ses conséquences sous terre, il n’y a pas d’autre solution, selon lui, que de résister pour ne pas sombrer.