Deerhunter

Deerhunter, l’être et le disparaître

Fin du monde. Chaque vendredi midi, « Les Jours » vous parlent effondrement et culture. Aujourd’hui, un album rock venu d’Atlanta.

Épisode n° 16
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« À quoi réagit la musique populaire aujourd’hui ? »

Vous avez quatre heures… ou trente-six minutes si vous préférez écouter Why Hasn’t Everything Already Disappeared?, le huitième album de Deerhunter, tout juste sorti

Disons-le tout de suite, le groupe rock d’Atlanta, emmené par la grande gueule de Bradford Cox, n’a pas la réponse

Deerhunter n’est pas du genre à lâcher des grandes phrases, à déblatérer sur le glyphosate, les multinationales ou le capitalisme sauvage

Why Hasn’t Everything Already Disappeared? est davantage une rêverie, une lente balade titubante et cynique dans les rues de notre monde qui refuse de s’inventer un futur

Un disque qui se regarde – et qui nous regarde – ne rien faire et s’émerveille que nous soyons encore là, alors que tout nous dit que cela va s’achever plus tôt que prévu

“Winter is coming”, s’amuse la chanson What Happens to People?

« Rideau pour toutes ces vies passées à survivre pour ce dernier jour », ajoute Elemental

Dans les interstices qui nous restent, Bradford Cox nous appelle à « descendre de ce nuage et à mettre nos peurs de côté » (Death in Midsummer) pour profiter encore un peu des belles choses

La musique, elle, est l’une des plus douces et directement pop que Deerhunter a produites, dans la lignée de son classique Halcyon Digest de 2010

Un rock langoureux sur fond de fanfare perdue dans la brume (marimba, orgue Farfisa, saxophone, clavier, bandes magnétiques flottantes)

Tout ça ne fait pas un combat, mais peu de groupes expriment comme Deerhunter le sentiment d’abandon qui nous traverse aujourd’hui face à cette révolution écologique qui ne vient pas

Le clip de Death in Midsummer :

À lundi (si on tient jusque-là).