Une niche parlementaire, c’est un hold-up. Ce jour-là, à l’Assemblée nationale, un groupe politique minoritaire est exceptionnellement maître de l’ordre du jour et peut proposer ses propres textes de loi sur lesquels l’ensemble des députés doit alors se prononcer. C’est l’occasion de se dégager de l’emprise de l’agenda de la majorité et d’imposer dans l’arène ses choix politiques. Pour La France insoumise, dont c’est l’une des obsessions, c’est une aubaine. Ses députés s’y préparent depuis des mois.
La niche aura lieu le 1er février. Jusqu’à 1 heure du matin pétante (car quoi qu’il arrive, la séance s’interrompt alors). Le groupe présidé par Jean-Luc Mélenchon doit alors présenter cinq textes : sur le Ceta, l’eau, le burn-out, la fin de vie et le récépissé. « Cela nous permet de montrer qu’on est force de proposition, et aussi de faire campagne sur les thématiques qu’on a choisies et qu’on porte depuis longtemps, dans notre programme », explique Danièle Obono.
On veut matérialiser nos propositions, que cela soit participatif, qu’on le voit dans la rue, à l’Assemblée, et qu’ensemble, on tape sur ces sujets.
Depuis que je scrute l’activité de cette nouvelle députée, pour comprendre comment fonctionne et s’incarne l’opposition au macronisme, cette niche constitue l’un des horizons politiques importants. C’est un moment d’interpellation, de « mise en scène », aussi explique-t-elle, « pour que les sujets existent au dehors, pas seulement dans l’Assemblée », mais dans des tribunes, dans les médias, dans des manifs. « On veut matérialiser nos propositions, que cela soit participatif, qu’on le voit dans la rue, à l’Assemblée, et qu’ensemble, on tape sur ces sujets », me détaille Danièle Obono. Le récépissé, l’un des emblèmes de la gauche, en est un : l’idée serait qu’une personne contrôlée par la police se voie remettre une attestation indiquant la date et le lieu du contrôle, ainsi que le matricule du fonctionnaire. Pour mémoire, lors de la campagne présidentielle de 2012, François Hollande avait promis de s’attaquer au contrôle au faciès, mais une fois Premier ministre, Manuel Valls avait vite enterré l’idée d’un récépissé. Pour Danièle Obono, c’est « une manière de parler d’antiracisme » qui structure son identité politique, comme elle le racontait aux Jours.

Ce jour de décembre, à l’Assemblée, les lumières artificielles plein pot éclairent la pièce un peu crûment. Au bout de la table, Danièle Obono a posé des papiers devant elle. Deux interlocuteurs lui font face. L’un est