Après Marseille et Aix, la région parisienne connaît à son tour de nouvelles mesures restrictives pour empêcher la progression de l’épidémie de coronavirus. Depuis ce mardi 6 octobre, les cafés et les bars de Paris et sa petite couronne sont fermés pour une durée de quinze jours. Les universités parisiennes ont pour obligation de diminuer leur capacité d’accueil de moitié et le télétravail est à nouveau fortement encouragé. Dans les hôpitaux, le seuil d’alerte a été franchi : plus de 40 % des lits de réanimation sont désormais occupés par des patients malades du Covid. Fin septembre, des projections de l’Institut Pasteur anticipaient une saturation du système hospitalier français à la mi-novembre si aucune mesure ne venait endiguer la progression de l’épidémie. Rémi Salomon est président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP
L’épidémie de coronavirus est à nouveau active depuis plusieurs semaines. Quel est le degré d’urgence de la situation dans les hôpitaux parisiens ?
Je suis très inquiet pour les jours, les semaines et les mois à venir, même si la situation est assez différente de celle du printemps. En mars, nous avons vu des patients arriver de façon très rapide. La menace de débordement s’est fait sentir en quelques jours à peine. Au plus fort de la crise, le nombre de patients Covid en réanimation doublait tous les trois jours. Aujourd’hui, nous sommes plutôt sur un doublement en trois semaines. Mais il est possible que cela s’accélère en Île-de-France car l’activité de l’épidémie y est à nouveau forte. La suite dépendra de l’efficacité des mesures prises récemment pour inverser cette tendance. Pour y parvenir, il faudrait aussi renforcer sérieusement le « contact-tracing » : à la fois des tests rapides et une mobilisation de forces humaines pour inciter les personnes positives à s’isoler. Les Allemands ou les Coréens l’ont très bien fait. Nous avons besoins de gens qui testent, expliquent, font de l’éducation populaire sur cette épidémie. Les appels de l’Assurance maladie ne suffisent pas. Cette dimension santé publique fait cruellement défaut aujourd’hui en France. Cela permettrait de maintenir une vie sociale et pourrait éviter le retour de mesures strictes, type reconfinement.