Perpétuité. Ce mot résonne encore dans la tête de la mère et des sept frères et sœurs de Carine R. Vingt-deux ans de sûreté. Retrait de l’autorité parentale pour Jean-Régis J., le policier qui l’a tuée le 27 février 2016, de trois balles dans la tête avec son arme de service, dans son véhicule et devant leur fils de 2 ans (lire l’épisode 17, « “Une femme ne mérite pas de mourir parce qu’un homme l’a décidé” »). Elle avait 24 ans, c’était son ex-compagne. L’assassinat a été reconnu par la cour d’assises du Gard le 8 octobre dernier. À l’annonce du verdict, Christelle R., 30 ans, la sœur aînée de Carine, s’est effondrée dans les bras de son compagnon. Deux de ses frères les ont encerclés, tandis que les autres enlaçaient sa mère et son beau-père. « Ils ont rendu justice à Carine et à son fils, Mathis, qui va pouvoir vivre sans peur… Le fait qu’il ait été policier a sûrement joué », précise, émue aux larmes, Christelle, qui a la garde de son neveu. Chantal T., la mère de Carine, ajoute doucement : « Ça ne nous enlève pas la douleur, elle nous manquera toute notre vie… » Sophie C., la meilleure amie, soutient Chantal du regard : « L’accusé et ses avocats n’ont pas arrêté de dire que c’était dur pour lui, l’isolement (en tant qu’ex-gardien de la paix, il a demandé à bénéficier de cette mesure, puis l’administration pénitentiaire l’a maintenue, ndlr). Mais Mathis, il est à l’isolement perpétuel de sa maman. »
Cyril, Clément et Célestin R., trois des frères de Carine, étaient parties civiles aux côtés de Christelle et de Chantal. Ils ont appris six jours après le procès que Jean-Régis J. faisait appel. « C’est l’incompréhension, se désole Christelle auprès des Jours. Il avait assuré qu’il accepterait la peine. Et il fait appel au civil et au pénal. On le vit comme une attaque supplémentaire. On va devoir se replonger dans un procès éprouvant. »
Pendant quatre jours, ils ont vu défiler une trentaine de témoins, en apprenant plus sur les dernières semaines de la vie de Carine, sur les 1 690 contacts pris par l’accusé avec elle entre le 1er janvier et 26 février 2016. Mais aussi sur les mots de la directrice de la crèche de Mathis : « Carine avait de plus en plus peur, elle m’avait avoué qu’il l’avait prise par le cou par le passé. ». Une confidence que la jeune femme avait également faite à Christelle et à son amie Sophie.
Ça a été le plus mauvais jour de ma vie, l’horreur, ça m’a fait beaucoup de mal et ça m’a fait très peur. Et à cause de lui, j’ai plus de maman.
Pendant quatre jours, ils ont aussi saisi l’aveuglement des gendarmes lorsque Carine R. a appelé le 17.