L’ambiance de fin de règne qui s’est abattue sur le diocèse de Fréjus-Toulon a quelque chose d’irréel, après plus de vingt ans de success story affichée de son évêque actuel, Mgr Dominique Rey. Longtemps, le prélat a été à la fois détonnant et intouchable dans l’épiscopat français. Son parcours commence à Saint-Étienne : Dominique Rey naît en 1952 dans une famille de sept enfants, où la foi catholique est centrale. Diplômé d’une maîtrise en économie politique à Lyon et d’un doctorat en économie fiscale à Clermont-Ferrand, il effectue en 1975 et 1976 une coopération au ministère tchadien des Finances. C’est là-bas qu’il découvre les pentecôtistes, par la personne du pasteur Jacques Giraud. Ce courant évangélique né aux États-Unis au début du XXe siècle exercera toujours sur lui une force d’attraction, sans jamais qu’il franchisse le pas de la conversion. « J’avais un ADN catholique, ce sens de l’intériorité et de la ritualité », confiait-il en 2017 à l’AFP.
De retour en France, il devient inspecteur des impôts au ministère des Finances. « Il rencontre en 1977 un groupe de prière de la communauté de l’Emmanuel à Paris, raconte un chercheur travaillant sur le catholicisme français et qui préfère garder l’anonymat. Il fait partie de la première génération de bâtisseurs de la communauté. Ce n’est pas étonnant qu’il ait connu une ascension rapide. »
Fondée en 1972 à partir d’un simple groupe de prière par le laïc Pierre Goursat et Martine Laffitte, étudiante en médecine, l’Emmanuel est devenue en quelques décennies la plus puissante communauté catholique charismatique, c’est-à-dire inspirée des évangéliques états-uniens, présente en France.