Sur l’avenue de la République qui longe le port, dans le centre-ville de Toulon, la devanture vert sapin d’un bar discret, en face d’un kebab et de quelques brasseries, détonne par son nom : Le Graal. À l’intérieur, dans une ambiance de pub irlandais, quelques jeunes se désaltèrent à la bière en regardant un match de rugby. Entre deux voûtes en brique d’un rouge délavé est accroché un imposant crucifix. Aux murs, des icônes orientales aux couleurs vives jouxtent une affiche déroulant la dynastie des Capétiens. Au fond du bar trône un gouvernail de navire. Le décor est posé : houblon, marines et dévotion.
C’est Pierre de La Taille, 33 ans, vêtu d’un polo noir, les cheveux parfaitement coiffés, une médaille mariale autour du cou, qui l’a fait accrocher là. S’il n’a jamais été « encarté dans un parti » ni même « politisé », il assume sa « sympathie pour le royalisme ». D’origine parisienne, de la « vieille noblesse d’épée », le jeune homme est arrivé dans le Var il y a cinq ans. Atteint d’une « dépression nerveuse assez grave », il est d’abord passé par Château Rima, une des maisons de la fraternité Eucharistein. « Je connaissais Mgr Rey par ma famille, il m’a un peu pistonné. » Depuis trois ans, il est devenu responsable bénévole de ce bar associatif catholique, en parallèle de ses études d’histoire.
Difficile à croire, mais jusqu’en 2014, les murs du Graal abritaient un établissement gay, le Texas Bar, placé en liquidation judiciaire. C’est une communauté traditionaliste,