Parce qu’on ressent aussi le besoin de souffler un moment au milieu de l’actualité étouffante de cet entre-deux-tours, « Les Jours » vous proposent chaque jour une chanson à danser en ne pensant à rien d’autre. Éteignez la télé et la radio, jetez votre téléphone dans un coin et poussez le canapé. C’est l’heure de la discolution.
« Kiss Me Again », de Dinosaur (1978)
Kiss Me Again, c’est l’unique chanson enregistrée par un groupe nommé Dinosaur dans le New York de la fin des années 1970. En vérité, c’est l’œuvre d’Arthur Russell, violoncelliste d’avant-garde tombé dans le disco qui se transforme alors en house music dans les soirées de Larry Levan au Paradise Garage. Kiss Me Again est une cathédrale de funk à mille étages posée sur un beat disco imparable, et on vous conseille de lancer la version longue de 13 minutes pour vivre cette expérience en entier.
C’est là, dans une progression sans cesse changeante, que l’on perd peu à peu pied. Dans la basse insistante faisant la courte-échelle au violoncelle d’Arthur Russell qui surgit à plusieurs moments sans ralentir la frénésie du morceau. Dans la guitare jouée par David Byrne de Talking Heads, qui fouille le rythme encore et encore pour entrer carrément en surchauffe à la dixième minute dans un funk minimaliste ultra-tendu. Surtout, on se noie avec un sourire béat dans l’interprétation vocale magistrale de Myriam Valle, une choriste de grand luxe entendue chez Cher, Céline Dion ou… Alice Cooper. Kiss Me Again est son chef-d’œuvre définitif, qu’elle emmène d’un pas très décidé vers la folie en demandant encore et encore à son ou sa « baby » de l’embrasser jusqu’à l’épuisement. C’est exactement le programme que l’on vous propose aussi, dans ces treize minutes de pur hédonisme disco révolutionnaire.