Parce qu’on ressent aussi le besoin de souffler un moment au milieu de l’actualité étouffante de cet entre-deux-tours, « Les Jours » vous proposent chaque jour une chanson à danser en ne pensant à rien d’autre. Éteignez la télé et la radio, jetez votre téléphone dans un coin et poussez le canapé. C’est l’heure de la discolution.
« Despechá », de Rosalía (2022)
Quand l’Espagnole Rosalía a publié son troisième album, Motomami, en 2022, on a eu la certitude aux Jours que l’on tenait l’un des grands disques de musique populaire et inventive de l’époque. Mais il lui manquait un petit quelque chose, une chanson capable de projeter la chanteuse vers le très grand public. D’être celle que l’on entend partout, dans les voitures qui passent fenêtres ouvertes comme sortant des enceintes posées entre les serviettes sur les plages de l’été, quand les familles sont rentrées et qu’on pousse un peu le son pour danser un verre de rosé à la main. Rosalía ne l’a pas trouvé tout de suite, ce morceau, mais il est venu dans la foulée de l’album et il s’appelle Despechá, un pur bonbon estival composé pendant la tournée et nommé par les fans eux-mêmes, à l’applaudimètre.
Musicalement, c’est un mélange de mambo et de merengue, deux vieux genres dansants des musiques latino qui sont réactivés ici en format electro-pop. Tout tient sur quelques notes percussives de piano qui ne lâchent jamais le morceau et lui donnent un bizarre rythme brisé. Par-dessus, il y a un beat imposant et un peu sale qui s’éloigne parfois dans le son pour accompagner ce que Rosalía raconte en feignant le je-m’en-foutisme à la perfection : une histoire de fille qui se réjouit d’être enfin débarrassée de son mec toxique et part faire la fête en boîte avec « toutes ses chéries ». D’une évidence pop chaleureuse et partageuse, Despechá est un hymne à chanter très fort en groupe en même temps qu’un appel à ne pas laisser les personnes néfastes s’installer dans nos vies. Une vraie bombe d’aujourd’hui.