Où est passée la gauche ? À l’issue du premier tour des législatives 2024 dimanche dernier (lire l’épisode 24, « La France moche »), la question a surgi, évidente, en regardant les cartes des résultats. On y voyait une France largement dominée par les votes Rassemblement national (RN) et des taches roses ou rouges dispersées. Ces taches, ce sont en bonne partie les grandes agglomérations : Paris, Lyon, Strasbourg, Nantes, Bordeaux… Ailleurs, rien ou si peu, dans un océan qui fut dominé par le vote de droite et l’est aujourd’hui par celui pour l’extrême droite. Depuis, les spécialistes ont pointé le fait que ce vote matérialise une transformation géosociale que connaît la France depuis plusieurs décennies : la métropolisation. Soit la concentration dans les grandes zones d’attraction des grandes villes du dynamisme économique et démographique, donc des populations les plus diplômées. Ainsi, ces grandes aires urbaines ont concentré près des trois quarts de la croissance française depuis le début des années 2000, alors que dans le même temps les services publics et l’accès aux soins s’éloignaient dans les départements les moins denses qui se paupérisaient.
Rémi Lefebvre est professeur de science politique à l’université de Lille et ancien candidat du Parti socialiste dans le Nord, avant de le quitter en 2018 en critiquant son « vide » idéologique. Pour lui, la gauche