Parce qu’on ressent aussi le besoin de souffler un moment au milieu de l’actualité étouffante de cet entre-deux-tours, « Les Jours » vous proposent chaque jour une chanson à danser en ne pensant à rien d’autre. Éteignez la télé et la radio, jetez votre téléphone dans un coin et poussez le canapé. C’est l’heure de la discolution.
« King of My Castle (Roy Malone’s King Mix) », de Wamdue Project (1999)
Vous ne connaissez pas le nom de l’artiste mais vous connaissez le morceau par cœur si vous vous souvenez de la fin des années 1990. C’est à ça qu’on reconnaît un standard de la musique, en l’occurrence un enfant tardif de l’eurodance des nineties marié à un petit plagiat inavoué. On rembobine ce King of My Castle signé Wamdue Project, derrière qui se cachait le DJ d’Atlanta Chris Brann. Le morceau est sorti en 1997 dans une première forme moite et patiente, une house chill faite pour les petits matins au ralenti qui a envahi les afters de l’époque, d’Ibiza à New York. C’était bien, mais le morceau n’était qu’un petit classique nocturne emporté par sa boucle vocale obsédante, même si elle était alors noyée dans le son : « Must be the reason why I’m king of my
Deux ans plus tard, tout a un peu changé. Le succès de Daft Punk mais aussi de Moby ouvre la voie à des tubes electro house. On confie donc ce King of My Castle inachevé à plusieurs remixeurs, dont l’Italien Mauro Ferrucci, alias Roy Malone. Lui décide de reconstruire entièrement le morceau autour de la boucle vocale et d’une nouvelle ligne de basse ultra-mélodique qui semble rebondir sur ses jambes en caoutchouc. Ajoutez-y un beat très appuyé et vous avez un carton absolu de l’année 1999, qui s’est classé en tête des ventes dans de nombreux pays et a aidé à propulser la house en moteur de la pop music internationale. Mais quand même, cette basse qui fait des bulles et ce gimmick acide joué à un doigt sur le synthé ? Tout ça évoque immédiatement le Around the World des Français de Daft Punk, sorti en 1997 et absolument immanquable dans ces années-là. Mauro Ferrucci ne s’est jamais exprimé sur ce qui ne peut pas vraiment être un hasard, mais cela n’enlève rien à son coup de génie qui a transformé un succès underground en classique bouillant sur les pistes de danse d’une année 1999 où la plus grosse préoccupation était de savoir si les horloges allaient bugger le 1er janvier suivant.