L’« extrême centre » est une notion forgée par Pierre Serna, professeur à l’université Paris-I Panthéon Sorbonne et membre de l’Institut d’histoire de la Révolution française. Elle vise à décrire les gouvernements qui apparaissent après des périodes politiques marquées par des violences ou des instabilités fortes, qui se revendiquent de la modération et souhaitent se débarrasser du clivage gauche-droite. Napoléon Bonaparte dira par exemple en 1799, après le coup d’État du 18 Brumaire : « Ni talon rouge, ni bonnet rouge, je suis national. » D’après Pierre Serna, auteur de L’extrême centre ou le poison français : 1789-2019 (Champ Vallon, 2019), cette politique survient notamment en France en 1793, en 1799, en 1815, en 1851 ou encore en 1958, avec le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, qui se présente alors comme au-dessus des partis. Depuis 2017, Emmanuel Macron « coche toutes les cases de l’extrême centre », assure l’historien. Pour Les Jours, Pierre Serna analyse à l’aune de cette notion la naissance du macronisme, son héritage et ses dérives. Entretien.
Qu’est-ce que l’extrême centre ?
C’est un concept historique qui m’est apparu parce que je n’arrivais pas à nommer les événements historiques qui se sont produits entre 1790 et 1815, surtout durant Thermidor, le Directoire et le Consulat. L’extrême centre est la réunion de plusieurs phénomènes.