Pascal Blanchard est historien, chercheur-associé au Centre d’histoire internationale et d’études politiques de la mondialisation (CRHIM-Unil) à Lausanne, en Suisse. Il est l’un des commissaires de l’exposition Olympisme, une histoire du monde présentée au palais de la Porte-Dorée et a dirigé le catalogue de l’exposition (éditions de La Martinière/Achac). Pour Les Jours, il décrypte les deux semaines de Jeux Olympiques et en dresse un premier bilan, entre perspectives sociales et effets politiques potentiels. Entretien.
Une telle ferveur était-elle prévisible ?
C’est le cas pour toutes les éditions des Jeux olympiques d’après la Première Guerre mondiale. Les Jeux commencent toujours par une vague de critiques et induisent des craintes en amont, parce que les gens ont plutôt les contraintes que les avantages. Mais quand les Jeux ouvrent leurs portes, on bascule dans un phénomène de passion. Cela nous ferait « plaisir » de penser que nous sommes les premiers à avoir vécu cela, mais il ne faut pas se leurrer, c’est généralement ce qu’il se passe à chaque olympiade. C’est un événement-monde et le sport est le dernier événement qui crée de l’émotion et de la passion. En France, cela a été particulièrement visuel et visible, et on a vécu une forme de ferveur populaire. Mais c’est toujours le cas.
Ce basculement de vouloir oublier avec le sport, de passer à autre chose, de retrouver une forme de fraternité collective, cela fonctionne parce que cela vous donne une échappatoire par rapport à un moment de tensions.
La séquence politique particulièrement troublée depuis la dissolution a-t-elle accentué cette ferveur ?
En France, il y a un tel contraste entre la situation politiquement très tendue de ces dernières semaines et la passion populaire, que cela donne le sentiment qu’il s’est passé quelque chose d’exceptionnel.