Vincent a toujours été pratiquant, de près ou de loin. Ma mère nous emmenait à la messe le dimanche
, se souvient-il. C’est elle qui m’a fait croire en Dieu. Elle interprétait les choses comme des signes. Au Liban, un bombardement était tombé juste à côté de nous. Ça donne la foi en une puissance au-dessus.
Enfant, il allait au catéchisme, il a été enfant de chœur et fait sa première communion. Difficile à imaginer aujourd’hui, face à ce colosse barbu, archétype du musulman très pieux.
Né à Beyrouth d’une mère bretonne d’origine martiniquaise et d’un père issu d’une famille de chrétiens orthodoxes
qui lui donnent un prénom français, Vincent a vécu au Liban jusqu’à l’âge de 5 ans. Arrivée en France, la famille déménage de cité en cité, à Creil (Oise), près de Grenoble (Isère), puis en Bretagne, à Saint-Brieuc et Rennes. Les parents divorcent quand il est encore enfant. Son père, coiffeur, vit aujourd’hui de nouveau au Liban. J’y retournais les étés.
Il n’y a plus mis les pieds depuis 16 ans.
Comme beaucoup, il s’est éloigné de la religion pendant son adolescence, alors qu’il vivait en Bretagne. Il s’intéressait surtout au graffiti, pour lequel il a un certain talent, avant de se convertir à l’islam via des rencontres, mais surtout des lectures et des réflexions
. À 17 ans, je faisais le ramadan
, raconte-t-il, à la stupeur de ses deux parents qui n’imaginaient pas leur fils devenir musulman.
Avec le recul, il considère que sa conversion était complète vers 25 ans.