Meryl, Caviar I (Maison caviar, 2024)
«J’prends l’time », lance Meryl dès l’ouverture de son premier album. Le temps, c’est ce qu’elle a essayé de maîtriser pour retenir ce Caviar I autant que possible, se donner le recul nécessaire quand le système du streaming et des réseaux sociaux l’appelait à enchaîner au plus vite après ses premiers succès de 2020. Mais Cindy Elismar, 28 ans aujourd’hui, a d’autres projets pour elle-même et le clame à répétition dans ce premier long format qui revendique une autonomie musicale et économique depuis sa Martinique natale et emporte avec lui les nouvelles têtes autant que l’histoire profonde de l’île.
La patience est un art de vivre chez Meryl, qui a commencé à 18 ans en rappant sur des instrumentaux de Rihanna avec son cousin Specta en Martinique, avant de trouver de quoi produire sa propre musique. Elle a rapidement connu quelques succès locaux, à commencer par Béni en 2019, un titre en créole où brillait déjà son talent pour la mélodie, sans parvenir à casser le plafond de verre qui enferme encore beaucoup d’artistes antillais·es dans leurs îles. Mais Meryl avait un plan : traverser l’Atlantique comme ghostwriteuse et toplineuse, c’est-à-dire écrire des bouts de chansons pour d’autres. Faire ses preuves dans l’ombre des studios et attendre son moment. Après des études à Montpellier, elle se met donc à écrire pour Niska (Du lundi au lundi), Shay (Liquide) ou SCH (Le code).