Quincy Jones, Bande originale du film « De sang-froid » (RCA-Victor, 1967)
En 1974, Quincy Jones a assisté à ses propres funérailles. Épuisé par son hyperactivité dans les années précédentes, il venait de subir une rupture d’anévrisme suivie de deux opérations et les médecins ne lui donnaient pas longtemps à vivre. Ses innombrables amis musiciens rencontrés dans une carrière déjà dense se sont alors réunis à Los Angeles le temps d’une soirée hommage, en sa présence alitée : Sarah Vaughan, Ray Charles, Cannonball Adderley… Mais Quincy Jones a vécu et, plus tard, n’en finissait pas de rire, dans ses interviews légendaires, de ce jour où l’on a voulu l’enterrer à 41 ans à peine. Il est finalement mort ce dimanche 3 novembre chez lui, à 91 ans, après une carrière monstre où il a traversé toute la musique américaine de la seconde moitié du XXe siècle, de la plus savante à la plus populaire, en y injectant une curiosité et une ambition sonore sans cesse renouvelées.
Quand Quincy Delight Jones Jr. a failli mourir en 1974, il approchait sans le savoir de la fin de la première partie de sa carrière. Qui a commencé tôt. Fils d’un charpentier remarié à une femme qui ne l’aimait pas, il s’est lancé seul dans la vie en s’attachant à la seule lumière qu’il a trouvé dans son enfance triste à Seattle, dans le nord-ouest des États-Unis : le piano et la musique.