Olena Hudym est Ukrainienne. À 41 ans, elle est comptable et vit en France depuis 2020 avec ses deux filles de 15 et 19 ans et son mari français. Le 18 février dernier, elle est repartie en Ukraine pour les vacances. Dans la nuit du 23 au 24 février, elle s’est réveillée sous les bombardements, dans son appartement de la capitale, Kyiv. Olena et Mariia, sa fille de 15 ans, témoignent auprès des Jours de leur fuite d’Ukraine.
Depuis quand étiez-vous en Ukraine et à quelle occasion ?
Olena : On est parties avec mes deux filles en Ukraine le 18 février dernier pour les vacances scolaires. Et six jours plus tard, le 24 février, à 5 heures du matin, on a été réveillées par des grands bruits d’explosion. Je n’ai jamais entendu des bruits comme ça, je n’ai jamais ressenti un sentiment pareil : c’était terrible, vraiment terrible ! Et là, j’ai compris que la guerre avait commencé. On savait qu’il y avait la guerre depuis huit ans à Donetsk, au Donbass, mais ça n’a jamais touché Kyiv. Même si on disait que Poutine pouvait attaquer, jamais on n’aurait imaginé qu’il irait jusqu’à la capitale.
Les bombardements étaient proches ?
Olena : Très proches, les bombardements étaient à l’aéroport de Kyiv, et mon appartement est juste à côté.
Qu’avez-vous fait ?
Olena : J’ai pris la décision de quitter Kyiv. J’ai tout de suite eu le sentiment qu’il fallait que je fasse quelque chose très vite : j’avais mes filles sous ma responsabilité. J’en ai parlé avec mes amis, mes proches, j’ai pris peur quand j’ai vu tous les gens avec leurs valises, mais je n’ai pas hésité longtemps et j’ai pris la décision toute seule de partir avec mes filles et aussi notre chien, qui ne nous a pas quittées, vers l’ouest de l’Ukraine, où se trouvent les frontières vers la Roumanie, la Pologne et la Moldavie. J’ai pris tous les documents, passeports et les choses de première nécessité et nous sommes parties à 11 heures, le 24 février.
Vous êtes parties comment ?
Olena : En voiture. Mon idée, c’était d’aller vers l’ouest en voiture, de la laisser à la frontière et de passer la frontière à pied. Il y avait des dizaines de kilomètres de bouchons, on faisait dix kilomètres par heure, et il n’y avait plus de carburant dans les stations-service, on avait peur de tomber en panne au milieu des champs. En tout, on a mis 24 heures pour faire 600 kilomètres. Partout, on voyait des chars et des camions militaires avec des soldats armés, on avait peur : on était trois filles, toutes seules.
Comment s’est passée votre traversée de l’Ukraine ?