À Kyiv (Ukraine)
Sale temps pour rentrer dans l’armée. Un vent froid qui fait voltiger la cendre des cigarettes, une poignée de degrés au-dessus de zéro et une pluie fine qui tombe en ce début de mois d’avril sur ces hommes rassemblés derrière une barrière de pneus. Il n’est pas tout à fait 9 heures sur ce trottoir du quartier de Shevchenkivskyi, à Kyiv, lorsqu’une figure en uniforme s’approche du groupe, une feuille déjà à moitié trempée en main. Un silence accueille la liste de patronymes que l’officier déclame à voix haute. Pas de Rissiouk, de Sebro ni de Poletchouk, semble-t-il.
Tous devront patienter, en enchaînant les cigarettes et en serrant leurs sacoches en faux cuir remplies de documents
L’atmosphère était bien différente il y a un an, lorsque le choc de l’invasion russe avait poussé des dizaines de milliers d’hommes et de femmes vers ces bâtiments souvent décrépits, dispersés dans toutes les villes ukrainiennes (lire l’épisode 1, « Aux sources de la résistance ukrainienne »).