De Kyiv
Mi-avril à Washington. Mike Johnson trotte dans les couloirs marbrés de l’aile sud du Capitole, flanqué de ses conseillers. Le pas est alerte, le ton face aux journalistes solennel. Le deal n’est pas encore conclu mais, après des mois de manœuvres en coulisse, les choses semblent sur le point de se débloquer : le président de la Chambre des représentants, républicain évidemment trumpiste, chrétien évangélique évidemment dévot, va autoriser le vote d’un plan d’aide à l’Ukraine qui, pour Kyiv, mettrait fin à cinq mois de disette financière.
Au même moment, 8 382 kilomètres à l’est, en contrebas d’une colline anonyme du Donbass ukrainien, dans l’est du pays, les hommes épuisés de la 115e brigade mécanisée regardent anxieusement à travers les champs coupés de lignes d’arbres. La 115e est une brigade de laborieux, formée en quasi-totalité d’hommes mobilisés et effrayés, dépourvue des blindés occidentaux flambant neufs attribués aux unités plus prestigieuses. Arrivés il y a à peine un mois sur cette portion du front, ses hommes ne sont familiers ni du terrain
Ce qui s’est ensuite passé est encore en partie noyé dans le brouillard de guerre.