Hervé Amiot est doctorant à l’université de Bordeaux-Montaigne, où il travaille sur la mobilisation des Ukrainiens de France depuis l’Euromaïdan, les manifestations de Kyiv qui sont devenues un mouvement social et politique contre l’ingérence russe, en 2013 et 2014. Pour « Les Jours », il retrace le parcours de deux femmes et la polarisation des identités politiques qui est apparue au fur et à mesure du durcissement du conflit avec la Russie.
Au cours de mes recherches sur la diaspora ukrainienne en France, j’ai rencontré plus d’une centaine de personnes aux parcours de vie très divers : Français d’origine ukrainienne, descendants d’immigrés des années 1920, 1930 ou 1940 ; travailleurs migrants postindépendance ; étudiants ou expatriés arrivés dans les années 2000 et ayant décidé de rester faire leur vie… Que l’installation en France soit provisoire ou définitive, que les retours aux pays soient fréquents ou rares, les trajectoires de ces migrants et descendants de migrants sont toutes plus ou moins touchées par les événements politiques survenus dans leur pays d’origine : mouvement du Maïdan, annexion de la Crimée par la Russie, début de la guerre du Donbass entre l’armée ukrainienne et des séparatistes prorusses. Ces événements ont entraîné des modifications des positionnements politiques, mais aussi des reconfigurations des identités personnelles.