Il n’y a pas à dire, Domont, c’est fort mignon. Avec ses briques rouges et ses maisons de maître, il y règne déjà l’air de la Picardie voisine. Depuis les hauteurs de la ville, la forêt de Montmorency surplombe la commune. En descendant, après l’église romane et la place du marché, on arrive dans la rue de la gare. Là-bas, il y a cet immeuble aux arcades de crépi. Au rez-de-chaussée, nul ne peut manquer l’enseigne en capitales bleues « Cabinet de gynécologie et d’obstétrique », barrée des mots « locaux disponibles ». Il y a quelques années, le rideau de fer avait été barré d’un autre mot en majuscules : « violeur ».
La mise en examen du docteur T., vite identifié par les Domontois, a eu l’effet d’un séisme. « Ça a pris pas mal d’ampleur, c’était le seul cabinet de gynécologie d’une petite ville où tout le monde se connaît », retrace une habitante. Peu de temps après, l’associé du gynécologue sent que la situation n’est pas tenable, qu’ils vont devoir mettre la clé sous la porte. Au détour d’un couloir, dans une clinique voisine, il s’en agace auprès d’un confrère : « Il me met dans la merde, il m’a sali. » Une secrétaire médicale qui l’entend se lamenter n’en revient pas. Elle vient tout juste de porter plainte pour viol contre le docteur T. « Mais vous étiez au courant, on vous l’avait dit, l’interrompt-elle. Vous êtes presque complice ! » Cette plaignante nous l’atteste, elle et d’autres patientes l’ont prévenu du comportement du docteur T. vers 2005.