«Mes bien chers compatriotes,
Un petit coucou du fort de Brégançon, où Brigitte et moi terminons des vacances studieuses et discrètes. Je suis parti avec des tonnes de dossiers dégueulasse surgelée abominable hawaïenne sur le front de mer. Mes meilleurs souvenirs avant cette rentrée à risques chargée studieuse. »
Alors là, dans In bed with Macron, on aura tout vu. Nous nous étions, bon gré mal gré, habitués à voir le président de la République intervenir comme bon lui semble dans cette obsession, mais carrément y glisser une carte postale avec tous les éléments de langage qu’il veut faire avaler aux Français, telle une glace deux boules après une pizza lourdingue… Quelle insupportable ingérence au sein de la rédaction d’un média indépendant, quelle inquiétante atteinte à la liberté de la presse ! Et puis quel toupet de piquer ainsi leur boulot aux journalistes qui, tout l’été, ont adressé aux Français de si jolies cartes postales les informant des moindres faits et gestes du président de la République.
« Moindre », c’est bien le mot tant il n’y avait rien à raconter, mais rien. Des vacances quoi, certes dans un fort transformé en Élysée en sandales, mais des vacances quand même, et même des grandes vacances si on peut se permettre, Monsieur le Président, du 24 juillet à ce mercredi, le 21 août, alors que la moyenne des Français prend deux semaines. Quant aux journalistes qui « suivent » Emmanuel Macron, leurs vacances d’été, ils ont pu se les coller sur l’oreille. Car ce n’est pas parce qu’il ne se passe rien qu’il ne faut rien en dire, vieux proverbe journalistique. Surtout pendant ce que les Anglais appellent les silly weeks, ces semaines de creux journalistique, au cœur de l’été. Et on peut vous dire que les silly weeks 2019 ont été particulièrement stupides.

C’est un drôle de ballet qui s’est mis en place tout le long des vacances d’Emmanuel Macron au fort de Brégançon. Tous les matins à 9 heures et jusqu’à 20 heures environ, au café-restaurant La Cabasse, au pied du fort et proche de la plage de Cabasson, les journalistes viennent faire leur perm. C’est-à-dire passer leur journée à faire le planton en attendant que Macron daigne faire un truc pas prévu.