De Jérusalem
Dimanche, 23 heures. Quartier de Tal Al-Sultan, dans le nord-ouest de Rafah, ville-frontière avec l’Égypte à Gaza. Le camp de réfugiés de Baraksat sommeille. Soudain, la nuit tourne à l’apocalypse. L’armée israélienne lance une frappe aérienne sur le camp de fortune, où s’entassent des centaines de Gazaouis. Mohamed, qui habite près du campement, raconte : « Il y a eu une énorme déflagration, puis on a entendu au moins six autres frappes. Immédiatement, le réseau internet a été coupé. Résultat, on n’a pas pu localiser tout de suite l’endroit qui a été visé. » Des flammes dévorent le camp, fait de bric et de broc, de tôle ondulée, de morceaux de bois et de tentes en tissu et en plastique. Des colonnes de fumée noire s’élèvent au milieu des gravats, corps mutilés, cadavres calcinés. Les hurlements et les pleurs résonnent. Joint par téléphone au petit matin, Mohamed, encore sous le choc, décrit le chaos. « On a commencé à entendre les voitures qui tentaient d’évacuer les victimes. Parmi les blessés, il y avait beaucoup de femmes et d’enfants. Et aussi des enfants morts. Leurs corps ont été déchiquetés, certains décapités ou encore amputés par la violence de la déflagration. Ils ont perdu leurs bras, leurs jambes, leurs mains. Certains corps sont tellement méconnaissables qu’on n’arrive pas à les identifier. Cette frappe et l’incendie qui ont suivi ont été dévastateurs. »
Ce récit apocalyptique est corroboré par ceux des secouristes de la bande de Gaza, et par les nombreuses vidéos et photos qui circulent sur les réseaux sociaux, prises et relayées par les journalistes palestiniens sur place.