De Jérusalem
Des paysages apocalyptiques. Entassements de gravats, immeubles effondrés, quartiers rasés, routes disparues. Sur les images de Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun qui circulent sur les réseaux sociaux, tout n’est que désolation. Depuis plus d’un mois, l’armée israélienne pilonne méthodiquement le nord de la bande de Gaza. Il est devenu quasi mission impossible de contacter les habitants qui s’y trouvent encore. Les nouvelles arrivent au compte-gouttes. Toutes sinistres. La journaliste Shrouq Aila, originaire du camp de Jabalia et déplacée dans le sud de l’enclave palestinienne, y avait encore tous ses cousins. « Ils sont restés coincés dans leurs maisons pendant des jours. Jusqu’au moment où des drones “quadcopters” équipés de haut-parleurs leur ont lancé des ordres d’évacuation », commence-t-elle. « Quand mes cousins sont sortis dans les rues de Jabalia, ils étaient encerclés par des soldats et des chars. Dans le ciel, il y avait des drones et des avions de combat. Les soldats leur ont demandé de retirer leurs vêtements. Et ils ont séparé les hommes et les femmes. Ils ont humilié, battu et même tué certaines d’entre elles, assure-t-elle. Puis ils leur ont demandé à tous de quitter le camp et d’aller à Gaza City. » La journaliste poursuit : « Ils ont mis des heures pour aller à pied jusqu’à Gaza, car tout est détruit, il n’y a pas de chemin direct. Les chars et les drones les suivaient, restant toujours à leur hauteur. Mes cousins marchaient en regardant droit devant eux. Lorsqu’ils croisaient des personnes blessées ou faisaient tomber leurs affaires en chemin, ils ne pouvaient rien faire. S’ils s’arrêtaient ou faisaient un geste brusque, ils prenaient le risque de se faire tirer dessus et de se faire tuer. » L’armée israélienne elle-même a diffusé sur les réseaux sociaux des photos et vidéos montrant des files de Gazaouis en train de quitter la zone de Jabalia, flanqués de chars pour les surveiller.