Jeux paralympiques de Sydney, 24 octobre 2000. L’équipe masculine de basket espagnole de la catégorie des déficients intellectuels conclut un tournoi épique : elle vient d’écraser la Russie en finale, 87-63, après avoir survolé la compétition. Les douze joueurs de la Roja ajoutent leur titre à la centaine de médailles remportées par la délégation paralympique espagnole, qui se hisse ainsi sur le podium des nations, derrière l’Australie et le Royaume-Uni. Leur prouesse est d’autant plus valeureuse qu’ils lavent l’honneur des basketteurs valides, balayés deux semaines plus tôt dès le premier tour des Jeux olympiques. À la fin du match, médaille d’or autour du cou, ils posent pour une photo qui apparaît le lendemain à la une du quotidien sportif espagnol Marca. Et déclenche un scandale international.
À l’autre bout de la planète, le journaliste madrilène Antonio San Martín détronche plusieurs basketteurs figurant sur le cliché de Marca : tous jouent dans un club de la capitale espagnole qui, il en est sûr, n’accueille que des valides. Sidéré, Antonio San Martín émet aussitôt des doutes sur la réalité du handicap des sportifs victorieux dans les colonnes de la publication spécialisée Gigantes del Basket. Malgré les remous, l’affaire reste cantonnée pendant un mois aux aficionados des parquets. Jusqu’au 27 novembre 2000, lorsqu’un autre journaliste, Carlos Ribagorda, publie à son tour un article dans un journal économique espagnol, Capital.