Ami de la police nationale, fan des commissariats et des reconduites nocturnes en panier à salade
, Serge Gainsbourg est ancré dans la légende du Quai des Orfèvres. D’anciens poulets du 36 racontent aux Jours ces morceaux inédits du répertoire de « l’homme à tête de chou » dans les années 80. Preuves à l’appui, des photographies anthropométriques de Gainsbourg en mai 1987, un soir de bordée, jamais publiées. Pas même dans les expositions pour le 25e anniversaire de sa disparition.
Par une après-midi glaciale de la fin 89, « Gainsbarre » se présente à l’entrée du bâtiment historique de la PJ de Paris avec sa mine des mauvais jours et demande à voir le patron de la brigade des stups. Averti par le planton, le commissaire Michel Bouchet, costaud au teint rubicond et à la voix de stentor, dévale les marches de l’escalier monumental pour aller récupérer sous le porche du 36 ce chanteur à l’air déchiré, négligé
qui le rebute un peu. Intrigué par cette visite, le commissaire Bouchet le fait monter dans son bureau au troisième étage, à côté de la crim’ : Je le reçois à reculons. Car pour moi, Gainsbourg n’est pas un bon exemple pour la jeunesse.
Le chef des stups observe la dégaine de ce VIP mal rasé, barbe de trois jours, pieds nus dans ses Repetto blanches, jean et blazer bleu sur chemise blanche impeccable, parfumé, un faux crade en fait
.
Affalé sur une chaise dans cette vaste pièce aux fenêtres plongeantes sur la place Dauphine, Gainsbourg grille une cigarette puis expose son problème au patron des stups : Mon ex-femme Bambou, qui est toxico, a la garde du petit Lulu. Mais quand elle est défoncée, c’est son dealer qui accompagne mon fils à l’école.
Le commissaire Bouchet le sent inquiet des répercussions
pour son gamin d’à peine 4 ans abandonné, dès la maternelle, aux mains d’un vendeur de poudre.