Jean loose, T-shirt trop grand, boots noires et mégaphone en main. Huit mois que nous connaissons Victor Mendez – depuis le début de cette série Les années fac – et huit mois qu’il affiche la même dégaine. Et la même détermination. En septembre, il défendait les « sans-fac », ceux que le système « APB » avait éjectés (lire l’épisode 2, « Dans la fleur de l’AG »). Lorsqu’il ne scandait pas des slogans au micro, il décrivait aux étudiants les stratégies pour réussir à entrer à l’université malgré la fermeture des inscriptions. Ce printemps, Victor Mendez est le porte-parole de la révolte étudiante à Nanterre, qui s’est embrasée avec son arrestation début avril par la police, en même temps que six autres, délogés par les CRS et collés aussitôt en garde à vue (lire l’épisode 24, « La révolte bourgeonne à Nanterre »).
Victor n’aime pas ce statut, mais il est identifié comme l’un des leaders du mouvement contre la loi « ORE » à Nanterre. C’est lui qui a le mégaphone en main la plupart du temps, c’est lui qui lance les slogans en chantant, et c’est lui que les médias appellent. En l’espace de deux semaines, le militant du NPA (Nouveau parti anticapitaliste, dont Olivier Besancenot est l’une des figures) et de l’Unef a donné des interviews à BFM, à France Info, à TF1, à LCI… Les autres restent en arrière, personne n’a trop envie de s’y coller. « C’est nécessaire de donner de la visibilité à notre combat », dit-il. « Le mot “leader”, on en rigole », balaie son ami Barth, également au NPA.
Victor n’est pas du genre à s’énerver. Il ne laisse d’ailleurs jamais transparaître grand-chose. Même quand la foule le hue, même quand l’organisation est bancale. Jusqu’à début avril, le mouvement à Nanterre ne prenait pas (lire l’épisode 23, « Debout, les damnés de Nanterre ! »). Jeanne, une autre militante du NPA qui a rencontré Victor au début de l’année, lors de la mobilisation pour les « sans-fac », raconte : « On ramait, il faut le dire. J’avais de l’énervement, notamment vis-à-vis de Victor. Je lui disais qu’il fallait changer nos méthodes. Il disait : “Non mais Jeanne, toi, t’es déprimée, tu ne crois plus que la mobilisation va partir.” Victor, il tient le truc, il y croit. Même en novembre-décembre, il était en mode “je pense que la situation est pleine de possibilités, elle a des aspects positifs”. Il est tenu par les événements. »
À 21 ans, Victor se définit comme un « communiste révolutionnaire », rien de moins.