C’est un peuple qui a été « tétanisé, terrorisé », selon les mots des orateurs à la tribune. C’est un peuple qui a trop longtemps « baissé les yeux sous les leçons de morale de la gauche ». C’est un peuple qui ne veut plus obéir aux « caquets de l’establishment », au « parti des sachants », « le microcosme », « les milieux bien informés », « les rentiers du système ». C’est le peuple de François Fillon, venu vendredi dans un des hangars de la porte de Versailles, à Paris, acclamer le champion du premier tour de la primaire de droite, son nouveau héros, celui qui lui dit de « parler fort », enfin.
Un peuple pas tout à fait populaire, pas tout jeune, un peuple de vestes en velours cotelé, de gilets matelassés, de chapeaux comme à la chasse, de têtes grises et de peaux blanches. Il y a les loden des familles bien nées de l’ouest parisien bien sûr, de confortables manteaux de prix et des enfants blonds au cheveu bien rangé, évidemment. Il y a aussi des hommes venus seuls, qui approuvent du menton chaque sortie de Fillon, que son discours venge d’on ne sait quel asservissement, qui se lèvent, la poitrine soudain gonflée par les mots du candidat, « la fierté », « la France », « l’impunité zéro », « les races ». Oui, car Fillon a dit le mot, « les races ».
C’est notre premier gros meeting, le dernier de François Fillon avant le second tour. Parallèlement, Alain Juppé en tient un à Nancy. Ensuite, vendredi soir, les deux candidats se taisent, jusqu’à ce dimanche.