Si on vous a offert un pull très moche pour Noël, un peu dans ce genre-là, ou pire, si vous vous êtes senti·e obligé·e de l’enfiler à l’heure de la bûche pendant que votre petit cousin inondait les réseaux sociaux avec les photos du réveillon prises depuis son nouveau téléphone, sachez que c’est un moindre mal. Des oies ont, elles, été gavées pour vous permettre d’avaler une tranche de foie gras. Les émissions de gaz à effet de serre ont bondi à cause des jouets déposés sous le sapin – ils sont majoritairement importés depuis la Chine et la moitié sont en plastique.
Quant aux chocolats qui hantent votre table basse, achetés en grande surface, ils sont pour la plupart bourrés d’huile de palme, elle-même responsable d’une déforestation massive. Les principaux pays producteurs, l’Indonésie et la Malaisie (85 % de la production mondiale à eux deux), jouent en effet de la tronçonneuse afin de planter les palmiers à huile. Et qui dit déforestation dit aggravation du changement climatique, massacre des gibbons et des orangs-outans, destruction de la biodiversité. Tout ceci n’est évidemment pas destiné à culpabiliser qui que ce soit.

Mais le sujet est devenu politiquement ultrasensible. En octobre dernier, la nomination d’Emmanuelle Wargon comme secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a ainsi créé la polémique… après que Nicolas Cori, journaliste aux Jours, a relayé sur Twitter une vidéo de juillet 2018 montrant la haut fonctionnaire, alors directrice des affaires publiques de Danone, en train de faire la promotion de l’huile de palme. Elle serait « le meilleur des ingrédients pour les laits infantiles », déclarait-elle alors, pendant les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. Pas exactement la meilleure façon de commencer un mandat destiné à défendre l’environnement.
En dépit de toutes ses conséquences néfastes aujourd’hui parfaitement identifiées, l’huile de palme a massivement conquis les grands groupes de l’agroalimentaire. Grâce à ses propriétés industrielles tout d’abord : elle est facile à travailler dans une chaîne de production et apporte du fondant et du croustillant aux gâteaux, chips, glaces, plats surgelés… C’est aussi une matière première stable, qui résiste à la chaleur et à l’oxydation. Surtout, ses coûts de production sont particulièrement faibles : le rendement d’un hectare de palmiers est dix fois plus élevé que celui d’un hectare de soja.