On trouve de tout dans les travées du salon des maires de France, qui se tenait du 21 au 23 novembre à Paris. Les inévitables drapeaux bleu-blanc-rouge côtoient les caméras de surveillance, potelets urbains, feux rouges, bâtiments modulaires, tapis de sol pour salles de sport ou batteries de lithium dédiées aux espaces verts. On y vend aussi des « écoquartiers responsables », des « isoloirs portatifs à monter en trois minutes » et, nouveauté primée cette année par le jury du salon, des « barrières amovibles antivéhicules assassins ». Maires, adjoints et collaborateurs arrivent par grappes successives dans les immenses hangars du parc des expositions, porte de Versailles, à Paris. « C’est la journée la plus courue. Aucun politique important ne vient, tout le monde fait des emplettes », glisse un maire à sa collaboratrice, en cherchant son chemin dans les dédales des stands. En rang d’oignons sous les néons, tout ce que le secteur privé comprend d’entreprises vivant de la commande publique se retrouve ici tous les ans pour dealer avec les collectivités locales. Parmi les 900 exposants au total, autant de lobbies en puissance, prompts à séduire les quelque 15 000 élus locaux qui défilent pendant trois jours. Même si leurs budgets sont orientés à la baisse depuis plusieurs années.
Politique et business se côtoient et s’entremêlent, comme chaque année depuis un peu plus de deux décennies. Dans un hall à part se tient le congrès des maires, organisé par l’Association des maires de France (AMF), qui fête son centième anniversaire. Le salon des maires, lui, n’existe que depuis 22 ans. La version 2017 de l’événement est particulièrement tendue : les maires n’apprécient pas du tout les exigences d’économies du gouvernement – l’objectif de réduction des dépenses a été fixé à 13 milliards d’euros d’ici à la fin du quinquennat. La suppression de la taxe d’habitation voulue par Emmanuel Macron ne passe pas non plus. Pendant la campagne présidentielle, les maires avaient sifflé le candidat Macron à l’évocation de ces mesures. Lors de la clôture du congrès, le 23 novembre, ils ont à nouveau manifesté leur désaccord. Mais les enjeux économiques continuent à se chiffrer en milliards d’euros. La commande publique a représenté, l’année dernière, un marché d’environ 72 milliards au total, dont 20 milliards pour les seules communes. Le montant grimpait à 50 milliards pour l’ensemble des collectivités locales.

Un peu avant midi, les stands se remplissent au moment d’accueillir les premiers petits fours – champagne et foie gras pour les entreprises qui pointent au CAC 40.