D’une voix un peu hésitante qui trahit son émotion, Sylvie Chéreau peut parler de longues minutes du changement de formule du Levothyrox et des souffrances qu’il a engendrées chez certains malades. Elle-même les a endurées pendant plusieurs mois, qui l’ont laissée sur le flanc. Depuis maintenant deux ans, elle s’est beaucoup investie pour la reconnaissance de cette crise sanitaire, responsable d’un record de déclarations d’effets secondaires en France. Deux ans à s’interroger, croiser les informations, monter un collectif, des réunions, batailler avec les autorités de santé… « Si vous saviez comme j’ai hâte de passer à autre chose. Mais cette histoire me rattrape toujours », constate-t-elle, fataliste mais toujours combative. Cette gérante d’entreprise installée à Toulouse, quinquagénaire depuis peu, a accueilli avec un certain soulagement les récents travaux, dirigés notamment par le biostatisticien Didier Concordet et le pharmacologue Pierre-Louis Toutain, montrant l’absence de bioéquivalence entre ancienne et nouvelle formules (lire l’épisode 20, « Levothyrox : une étude confirme le laxisme de Merck et de l’ANSM »). Ils apportent une première explication scientifique aux souffrances ressenties. « Longtemps, nous n’avons pas été entendus, nos souffrances ont été niées. Alors oui, cette étape est importante », explique Sylvie Chéreau.
Importante mais pas suffisante.