Depuis quelques jours, un scénario catastrophe pour le gouvernement se dessinait : une alliance des contraires vis-à-vis de sa loi immigration. Mais on avait du mal à y croire. Comment, se disait-on, la gauche pourrait-elle décider en toute connaissance de cause de mêler ses voix à celles du Rassemblement national (RN) sur un sujet aussi symbolique que l’immigration ? Et, surtout, comment l’extrême droite et Les Républicains (LR), qui n’arrêtent pas de dénoncer le laxisme ou les sentiments « immigrationnistes » de la gauche, pourraient-ils voter un texte venant de cette même gauche ? Eh bien c’est ce scénario-là qui s’est écrit ce lundi à l’Assemblée nationale. Le groupe écologiste a déposé une motion de rejet préalable au « projet de loi immigration et intégration ». Et, après un débat d’une heure et demie, celle-ci a été adoptée à une courte majorité, mais une majorité incontestable. Un scrutin public avait été demandé et 270 voix se sont exprimées pour, contre 265 qui s’y sont opposées.
Cela met fin de facto à la discussion prévue à l’Assemblée cette semaine, mais ne constitue pas forcément la mort définitive de ce texte. Tout dépendra maintenant de ce que décide le gouvernement, qui peut, soit choisir de renvoyer le texte au Sénat, soit décider de tenir une commission mixte paritaire entre députés et sénateurs.