«Une victoire idéologique du Rassemblement national », selon Marine Le Pen, le « retour de la droite Pasqua », selon Olivier Marleix, le patron des députés Les Républicains (LR). Quelques heures après celui du Sénat (214 pour, 114 contre), le vote de la loi « immigration » à une large majorité (349 pour, 186 contre), ce mardi soir à l’Assemblée nationale, après la tenue d’une commission mixte paritaire (CMP) pendant deux jours ainsi que la semaine de négociations qui a amené cette conclusion, constitue un tournant dans le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron et augure d’une droitisation de la vie politique française. Vendue comme un texte d’« équilibre », avec des mesures de gauche (comme la régularisation de certains étrangers sans-papiers) et de droite (comme le durcissement du droit d’asile), cette loi termine sa course réécrite avec, dixit Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, « 90 % » d’articles convenant à une droite sénatoriale faisant la course avec l’extrême droite pour se montrer la plus sévère possible avec les immigrés.
La référence à Charles Pasqua est plus que justifiée. Décédé en 2015, l’ancien ministre RPR des années 1980 et 1990 incarnait une droite revendiquant partager les mêmes « valeurs » que Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front national. Il avait ainsi remis en cause le droit du sol, tout comme l’a fait le projet de loi voté mardi. Le « en même temps » macroniste est donc bel et bien terminé.