D’un pas hésitant, il s’installe à la table du café d’un hôtel Ibis sans charme du XIe arrondissement de Paris. C’est son premier comité En marche. Caterina Avanza, qui anime cette réunion, le vouvoie encore, ce qui est rare dans la camaraderie de La planète Marche où se côtoient militants néophytes et adeptes du renouveau vanté par Emmanuel Macron, invités à « réinventer les codes de la politique ». Gilles, la cinquantaine, style gentiment BCBG, s’excuse de poser quelques questions « naïves ». Il a besoin de se familiariser avec les rouages du mouvement. « Quelle est votre impression ? », s’enquiert Caterina. Il répond : « Vous me demandez mon rapport d’étonnement ? » Comme je ne connais pas cette expression, je soulève les sourcils et mon stylo. Caterina, elle, acquiesce. « Je vois ça avec des yeux complètement neufs, explique Gilles, Je n’ai jamais été dans un parti. » « Comme beaucoup », souffle mon voisin – nous sommes cinq autour de la table – Francis, un retraité de la banque, qui, lui, avait été un temps militant au PS. « C’est très pro, très enthousiaste, il y a plein de relances et d’événements », poursuit Gilles. « Vous trouvez ça un peu béat ? », s’inquiète Francis. « Non. C’est plutôt l’enthousiasme de ce que l’on crée, de l’innovation : on ne sait pas où ça va aller, ce que ça va donner », complète le nouveau venu.
Certains sont très intéressés, ils ont envie de faire partie de la vague. Le miel attire les mouches, heu… les abeilles.
Gilles fait partie de ces nouveaux adhérents qui ont rejoint En marche, très récemment, à la veille de l’élection présidentielle, ou même après, dans la foulée de la victoire. Ils sont nombreux.