Personne ne connaît Person. Comme beaucoup des candidats En marche, Pierre Person est un inconnu dont le visage n’est pas familier. Il a 28 ans. Il est investi aux législatives dans la 6e circonscription de Paris, dans le nord-est de la capitale, dont l’écologiste Cécile Duflot était la députée, avant de se faire éliminer dès le premier tour dimanche dernier. Bébé Macron, il a été l’un des rouages de la machine à gagner du nouveau président. Il affronte au second tour Danielle Simonnet, figure de La France Insoumise et harangueuse de foule. Il est arrivé en tête avec 39,4 % ; elle a recueilli 18,8 % des suffrages. Pour sa campagne il s’appuie sur des militants de la planète Marche que je suis depuis des mois, dont sa suppléante Bouchra Nazzal qui, elle aussi, avait sollicité l’investiture et se bat pour son élection.
En jean et pardessus bleu marine passe-partout, Pierre Person vient distribuer des tracts au marché Charonne, dans le nord du XIe arrondissement. Les partisans de La France Insoumise sont là, eux aussi, postés au même métro. Pour eux, Macron est « le candidat du fric et des médias », comme ils le clament à la criée. Bouchra Nazzal est énervée. Un autre accuse : « Voilà la politique de Macron », en désignant un clochard endormi près du métro. « 8 millions de pauvres ! » Un militant de gauche s’élève contre « la médiocrité apaisante et régulatrice » du centre. « Tu as le droit de te moquer, tu verras dimanche » réplique un macroniste, l’air saoulé.