Emmanuel Macron a tout mis en œuvre, au soir de sa victoire à l’élection présidentielle, pour ne pas réitérer l’ambiance légère de La Rotonde, où il fêta sa première place il y a quinze jours. À l’exception du décor. Dans le cadre fastueux du Louvre, la mise en scène de sa victoire a surjoué la gravité. En fin de soirée, il se présente seul, dans l’encadrement d’un porche, en costume sombre et mine impassible, pour une marche en solitaire de plusieurs minutes sur l’air de l’Hymne à la joie. En travelling, l’image se veut solennelle, de façon très appuyée. De l’autre côté de la pyramide l’attend, sur scène, son podium favori, avec drapeau bleu-blanc-rouge vertical, adopté systématiquement pendant les derniers meetings de la campagne. On ne voit que lui sur la partie basse de l’image. Sur la moitié supérieure, son visage est cadré pile dans la pointe de la pyramide. Tout le show du Louvre est manifestement pensé pour la télévision. Alors que sur place le parterre ronronne, sans enthousiasme débordant, à l’écran, la réalisation est parfaite. Loin de la spontanéité du rassemblement place de la Bastille, en 2012, où François Hollande, revenu tardivement de Tulle, avait parlé brièvement, tout à la joie de sa victoire. Mais aussi travaillé – avec moins de débauche de moyens – qu’un show à la Obama, seul sur scène en 2008, lors de sa victoire. Emmanuel Macron manie les symboles présidentiels, avec une référence à François Mitterrand.
Le ton est aussi grave que lors de sa première prise de parole à son QG, dans le XVe arrondissement, une heure après les résultats.