Absinthe et foudre : une semaine chez Félix Fénéon
Faits divers. Notre sélection hebdomadaire des « Nouvelles en trois lignes » écrites par Félix Fénéon en 1906 dans « Le Matin ».
Lundi
Plus de pipes de bruyère. Les ouvriers de Saint-Claude chôment en attendant qu’on les leur paye mieux.
Mardi
Mme Vivant, d’Argenteuil, avait compté sans le zèle du patron de lavoir Meheu. Il retira de la Seine cette lavandière désespérée.
Mercredi
M. Bozzoli, de Constantine, se querellait avec sa mère. Elle tomba morte (rupture d’anévrisme). Désespéré, il se cassa la tête.
Jeudi
Il avait parié de boire d’affilée quinze absinthes en mangeant un kilo de bœuf. À la neuvième, Théophile Papin, d’Ivry, s’écroula.
Vendredi
La fourche en l’air, les Masson rentraient à Marainviller (Meurthe-et-Moselle). Le tonnerre tua l’homme et presque la femme.
Samedi
R. Pleynet, d’Annonay, 14 ans, a mordu son père et un de ses camarades. Il y a deux mois, un chien enragé lui léchait la main.
(Le Matin, 1906)